Forks Red Moon
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Serenella Alighieri
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Au temps des poètes
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TW : Violences conjugales


RP Alternatif - RP XIX

Italie, Florence, 1746


Elle dissimulait ses plaies comme ses bonnes œuvres, réajustant sa monnaie et ses gants à l’abri des regards indiscrets. Son carrosse roulait à une allure beaucoup trop lente à son goût, elle se sentait encore plus fourmi dans l’immensité des rues qu’au sein de sa prison d’ivoire. Les dorures entourant la vitre l’étouffaient, elle hoquetait pour un peu d’air.

La jeune femme venait de sortir d’un hospice, où elle avait offert quelques mots de réconforts à des pauvres âmes dont elle n’avait que faire. Elle avait déposé la bourse qu’on attendait d’elle entre les mains des sœurs tenant l’établissement, et s’en était allée sans un regard en arrière. Installée sur le velours, elle ferma les yeux pour tenter de s’évader loin, partir courir dans la campagne florentine plutôt que de prendre soin de ce village. Ce domaine dont elle était la maitresse par titre mais esclave par fait.

L’on avait attendu de Signora Alighieri qu’elle remplisse les tâches d’une noble, alors qu’elle s’estimait plus misérable que tous les mendiants de cette principauté réunis. On lui avait demandé comment se portait son fils – elle l’ignorait, elle n’avait pas daigné se rendre à la nursery ce matin – ainsi que son époux – et mains crispées sur son petit sac, elle s’était retenue d’avouer qu’elle espérait qu’il aille au diable.

Serenella prit de profondes inspirations pour apaiser son cœur battant, les pensées ayant toujours été des armes qu’elle abattait contre elle-même. Elle sortit le petit miroir de son sac, pour s’observer avant de sortir du véhicule.

Elle était parfaite, assurément. Son teint de poupée surmonté de quelques rougeurs bien naturelles faisait pâlir d’envie toutes les paysannes de la région. Ses grands yeux bleus lui renvoyaient le reflet d’une altesse, aux manières impeccables et au sourire enjôleur – aussi étudié que faux. Ses boucles blondes, réunies dans une merveille d’artisanat, ne bougeaient pas d’un pouce, maintenues par une centaine d’épingles qui lui rentraient dans le crâne. Elle repositionna son chapeau par réflexe.

Et pourtant, elle voyait encore les légères traces violacées au coin de son œil gauche. La petite décoloration sur le côté de sa nuque. Il avait été négligent cette fois-ci, elle lui avait pourtant dit d’éviter les parties visibles – il était tellement plus difficile de cacher ses actes lorsqu’il décidait de ne pas être coopératif. Fort heureusement, personne ne voyait - ou ne voulait voir - ces marques qu'elle arborait, et personne ne les questionnaient. Elle avait appris à trop bien les atténuer pour que l'observateur moyen ne prenne la peine de les remarquer.

L’artiste dans l’âme réajusta la dentelle de son décolleté, cherchant à estimer si les blessures beaucoup plus voyantes étaient bien couvertes par le tissu. Ses mains tyrannisées restaient insoupçonnées sous le cuir, et ses jambes protégées par des couches de taffetas ne craignaient aucun regard indiscret.

Elle était fin prête. Une fois arrivée sur le parvis de l’église, elle attendit que son cocher vienne lui ouvrir la porte et lui tende la main.

La jeune femme gravit les marches quatre à quatre, ignorant les regards de ses serfs, pénétrant dans la bâtisse froide et entièrement vide.

Sur le pas des portes, Serenella s’arrêta quelques instants pour se sentir prit de vertige devant les rangées de bancs, et l’autel trônant au bout de la nef. Les excès de luxe, et la manière dont ses pas résonnaient à l’infini entre les pierres et les alcôves. Elle était toujours saisie d’une crainte révérente, écrasée par la présence du divin dans ces lieux sacrés.

Elle se dirigea vers le réservoir, et plaça l’eau bénite sur son front, sa poitrine et ses épaules, avant d’avancer vers le premier siège de l’église.

Serenella s’installa à genoux une fois arrivée, tâchant d’oublier l’absence de toute autre personne dans cet emplacement de culte. Elle savait que les prêtres se réunissaient à cet instant, et peu de pêcheurs venaient se recueillir à cette heure, tous en train de trimer pour leur pain en milieu d’après-midi. L’absence d’hommes la comblait, elle était en paix pour quelques heures.

Joignant ses mains contre sa tête penchée, elle osa poser les yeux sur la croix au-dessus d’elle, avant de les clore.

Les années avaient eu raison de ses espoirs, de songer que le cauchemar aurait un réveil. Mais parfois, dans le creux de ses troubles, elle trouvait encore un peu de rêve pour prier –

Oh, elle ignorait si Notre Dame l’entendait, et elle se demandait même parfois si elle avait un jour existé. Mais Serenella préférait se tourner vers une autre mère qu’à une figure toute puissante dont on lui vantait les mérites.

Cette figure de Madone écoutait-elle les clameurs de la souillée – Serenella se savait une oubliée, comment oser élever la voix pour demander plus ? Mais qui pourrait plus la comprendre qu’une ancienne rejetée, si elle en croyait les textes qu’on lui soumettait depuis sa plus tendre enfance ?

Elle avait vent de ceux demandant richesse, gloire et même amours le dimanche, auprès des paroissiens, ceux qui voulaient la bénédiction des saints. Et elle, qui ne demandait rien de plus qu’un répit, un Sauveur tel qu’on lui avait promis et qui refusait obstinément de revenir sur Terre. Elle demandait avec toute la pureté qui restait en son âme, avec le désespoir de la soumission et l’appréhension de la mère redoutant le futur.

Elle ne remarqua pas tout de suite la présence d’un autre arrivant. Sa discrétion l’interpellera plus tard, mais lorsqu’elle relève la tête, il est là.

Serenella sent son souffle se couper, et elle se relève à la hâte.

Devant elle se trouve la créature la plus extraordinaire qu’elle ait jamais eu la chance de contempler. Vêtu d’atours presque aussi nobles que les siens, elle les ignora totalement au profit de son visage. La perfection de ses traits pourrait lui tirer une larme, la peintre brûlant de l’immortaliser pour toujours sur sa toile. Elle avait cherché toute son existence pour un modèle aussi remarquable, tout en sachant qu’elle ne trouvera pas son trésor en ce monde : l’absolu les avait quittés avec le départ d’Eden. Et pourtant, cette récompense qu’elle n’avait pas méritée se tenait devant elle.

Sa peau d’une blancheur qui pourrait faire rougir la sienne n’avait aucune égale, il était pareil à ces marbres qu’elle avait admiré durant toute son éducation classique. Le comparer à ces créations paraissait presque vulgaire, tant il était l’Art, et les sculptures n’étaient qu’œuvres.

Et ses yeux avaient la couleur du Calice, de cette coupe qu’elle portait aux lèvres chaque fin de semaine. Mais là où l’or avait fini par l’enfermer, la torturer par sa seule vue en rappel constant de ses chaînes, son regard appelaient à la douceur, à l’enveloppement.

Hébétée, Serenella crut pendant un instant que ses appels avaient enfin été entendus. Que Dieu avait pris pitié d’elle. Comme expliquer qu’un ange soit apparu entre ses larmes qu’elle venait de chasser d’un revers de main ?

Etait-ce la fin du tourment – de toutes ces nuits à observer des paires d’amants dans les rues, libres et sans une pensée pour le mal de leur monde ? De ces années à se dire qu’aucun visage aussi peu estimable que le sien ne pourrait connaitre la chaleur des bénédictions.

Son regard – bijou de la nature, si tant est qu’elle fut assez généreuse pour lui offrir ce cadeau – se pose sur elle, et son cœur cesse pendant un instant en son sein.
Elle souffle, inaudible, la langue des poètes et de la Toscane si basse qu’il ne pouvait l’entendre de là où il se tenait.

- Êtes-vous là pour moi ? Pour m’aider ?

Elle a presque l’impression que ces mots murmurés lui sont parvenus, et bien qu’elle sache que c’est impossible, elle se sent rougir de honte. Le sang éclate ses joues de carmin, et elle réunit ses jupons pour tenter de fuir.

Serenella s’en trouve incapable, arrivée à sa hauteur. Fascinée, envoutée, mais réalisant qu’il ne s’agissait que d’un homme. Difficile à croire, d’assimiler cette idée alors qu’il semblait tous les surpasser. Sa propre beauté tant louée lui paraissait bien fade face à la sienne.

Un homme, et non un ange. Mais il avait été touché par la Grâce quoi qu’il en soit, comment expliquer cette aura qui l’appelait ?

Elle n’avait aucun chaperon, il était inconvenant de se présenter soi-même. Mais Serenella cherchait déjà un prétexte pour tordre ces règles, oser dépasser les restrictions de sa condition – pour avoir enfin l’occasion de faire un choix.

Elle était la maitresse de ces terres, il était son devoir de s’informer sur ceux qui foulaient le domaine, n’est-ce pas ? Et elle était mariée, cette maudite bague sous son gant étant sa meilleure protection.
Et ils étaient dans une église, culte du sacré : personne ne pourra lui reprocher un échange dans l’asile des hères.

Elle approche donc, hésitante, prête à fuir. Mais elle doit s’en assurer, doit se convaincre qu’elle ne passe pas à côté de sa chance – de quelle opportunité parle-t-elle, elle l’ignore. Mais quelque chose la pousse à rester, à essayer.

- Pardonnez-moi, je vais vous laisser la place.

Il n’y avait personne d’autre.

- Je ne vous ai jamais vu ici. Je suis Serenella Alighieri. A qui ai-je l’honneur?...

La femme du maitre de l’endroit, des enfers et d’elle-même. Elle tait tout cela, elle sait que le nom de son époux est évidemment connu en ces parts de l’Italie.

Elle veut juste un nom, pour égayer sa quête de beauté. Elle en oublie les sous-tons de séduction qu’elle insuffle en soirée pour faire enrager son époux et se sentir exister, désirable, dans d’autres yeux pendant une heure.
Elle n’est qu’admiration interloquée ce jour.

Pendant quelques secondes, simple mortel, Messager des cieux ou quoi qu’il soit, il lui avait fait oublier la noirceur de ses tours sombres.
Et elle jurait que sa présence, qu’importe la raison, était enfin un peu de réconfort qu’on lui accordait. Elle allait au-delà des usages, mais elle se promettait qu’elle ne regrettera jamais
D’avoir profité d’un rayon de cette lumière de Paradis.
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Elle m'accompagnait encore, me suivant telle une ombre, fidèle. Je soupirais doucement, laissant mon regard se perdre sur ces décors magnifiques que mon âme ne savait plus apprécier. Et pourtant, c'était bien la première fois que je m'aventurais dans cet endroit magnifique. La Misère y était reine mais elle ne savait entacher la beauté de Dame nature. Ces paysages étaient tels qu'il me les avait décrits : somptueux, souverains. Mais lui aussi avait fini par m'abandonner, préférant sa morne vie à l'aventure. Et je m'étais lassé de cette immense bibliothèque dont j'avais parcouru tous les livres. Ceux là non plus n'avaient réussis à tromper mon ennui, à chasser ce sentiment de culpabilité qui dépeignait mon âme damnée.

Alors je m'en étais allé, quittant avec rancoeur ces moeurs violentes et hypocrites. Je n'arrivais plus à me complaire dans ces spectacles macabres qu'il aimait m'imposer, fier de ses oeuvres sanglantes. Chaque visage qu'il me dépeignait était tordu par la douleur, par la peur, figé dans ce dernier souffle qu'il leur volait avec un naturel dégoûtant. Pourtant, je l'avais supporté, des années durant, croyant qu'avec lui, je l'oublierais elle. Celle qui m'avait embrassée au premier jour de cette nouvelle vie que je n'avais pas voulu. Celle qui, par ses mots doux, avait fini par me tirer dans ce palais lugubre, par me présenter à cet ami au teint blafard et au regard pourpre.
Ce même ami qui voulu, des années durant, me convaincre du naturel de ses crimes. Nous sommes fait ainsi, nous sommes nés pour tuer. Nous sommes les juges de Dieu. Etait-ce donc réellement notre rôle ? Juger à la place de ce Père silencieux ? Juger tels des anges aux ailes consumées par les flammes de l'Enfer ?

Je ne pouvais croire en ce mots. Je ne pouvais croire en cette destinée qui semblait toute tracée. Alors j'étais parti, reprenant la main de cette amie qu'elle me tendait avec un large sourire. Solitude, ô douce Solitude, tu étais bien la seule à me comprendre.
Et elle m'accompagnais, où que j'aille, murmurant des mots qui me menaient toujours plus sur le chemin du désespoir.

J'étais seul, terriblement seul.

Finalement, je m'arrêtais. Face à moi se dressait l'une des nombreuses maison de Dieu. Et je n'avais aucune raison valable de vouloir m'y risque de nouveau, de vouloir affronter ce silence qui accompagnait chacune de mes prières envers ce Père qui m'avait damné. Pourtant, d'un pas gracieux et délicat, presque trop silencieux pour être naturel, je m'engouffrais au Royaume de Dieu.
L'ambiance y était tamisée, calme et austère. Bien que mes pas auraient dû raisonner sur les dalles de ce sol froid, il n'en fut rien. Je m'avançais donc jusqu'à l'autel d'une démarche presque irréelle. Puis, sans me rendre compte de cette présence que j'aurais dû repérer, je restais un court instant à affronter le silence du Père avant qu'une douce voix ne me tire de ma contemplation amer.

Quelque peu surpris malgré mes sens frôlant le divin, je me retournais pour faire face à une charmante demoiselle aux yeux d'un bleu profond, si profond que l'on pourrait croire voir le ciel.

L'aider ? Le pouvais-je réellement ? Je me contentais de lui sourire, sachant pertinemment qu'elle serait comme toutes les autres, me tombant dans les bras sans que je ne le veuille vraiment. Quoi qu'elles m'aidaient à jurer infidélité à la Solitude le temps d'une courte soirée.
Puis je ris tout en me décalant légèrement pour lui laisser à nouveau le champ libre vers cette croix qui symbolisait si bien l'hypocrisie de ce Père absent.

Elle aussi semblait attirée par mes yeux d'or. Quoi de plus normal, il me l'avait dit et j'avais pu le constater à maintes reprises. Nous étions fait pour charmer les mortels, pour les envouter jusque sous nos crocs assassins.

- Ma foi, cela ne sera pas nécessaire, répondis-je simplement alors qu'elle s'approchait de moi.

Les effluves de son sang, le son de son coeur qui battait, tout cela aurait dû me mettre l'eau à la bouche et pourtant, oui, pourtant, je restais impassible face à ce met si délicat qui s'offrait à moi. Je n'avais jamais eu que du dégoût pour ce nectar pourpre que mes semblables arrachaient avec délectation à leurs victimes.

Puis elle se présenta, noble femme perdue dans ce simulacre du royaume de Dieu. Son nom était évocateur d'une grande famille bien que je ne la connaisse pas. Je ne m'étais guère intéressé à la politique de ces lieux, seule ma quête de rédemption m'intéressais encore. Celle là même qui me poussais à me mêler aux mortels sous le regard intrigué de mes congénères qui ne comprenaient pas cet entêtement que j'avais de vouloir sauver ceux qui finiraient par devenir, tôt ou tard, leur repas.

Délicatement, et parce que le protocole social des Hommes le voulait, j'attrapais sa main pour y apposer mes lèvres, tel l'homme qui se délectait de l'odeur d'un grand cru, j'humais doucement la sienne, si parfumée, si florale. Puis je redressais la tête pour poser mon regard dans le sien. Malgré les hautes chaussures dont elle devait subir la douloureuse torture, je la dépassais d'une tête, dominant par ma carrure son frêle corps couvert d'artifices qui ne sauraient dissimuler les légères taches bleues qui maculaient sa peau. Il était aisé de comprendre l'origine de ces tâches de peinture douloureuses.

- Carlisle Cullen, Ma Dame, annonçais-je finalement dans un léger sourire.

Un sourire de façade car il n'y avait rien de bien joyeux à constater la tristesse dans son regard ou bien la douleur sur sa peau.

- Je ne suis qu'un humble médecin qui fait halte dans la maison de Dieu. Mais puis-je vous retourner la question, My Lady ? demandais-je en finissant par des mots qu'elle ne comprendrait très certainement pas. Si mon italien était parfait, il n'en demeurait pas moins une langue bien éloignée de celle qui avait bercée mon enfance. J'en aimais cependant les accents chantants et il prenaient de bien belles sonorités lorsqu'elle parlait.

- A-t-il pu répondre à vos prières ? finis-je par dire tout en me tournant avec une certaine nonchalance vers l'imposante croix richement décorée.
Serenella Alighieri
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I swear, it must be
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Italie, Florence, 1746

L’artiste s’était souvent questionnée sur la manière dont les maîtres d’art avant elle percevaient le monde. Elle se demandait de quelle manière leurs yeux aguerris parvenaient à capter la lumière sur les surfaces reflétant les éclats divers, comment insuffler du beau dans un visage, un massacre ou une ville. Aujourd’hui, sous la coupole décorée et le regard du Créateur, elle s’interrogeait sur les choix du demi-ange sculptant David. Serenella recherchait ce même élan d’inspiration qui lui permettrait de déposer un compte-rendu fidèle de la perfection en face d’elle, sur le canevas.

Il avait pris sa main, et elle avait frémit autant par l’acte que par la fraicheur de sa peau. Elle aurait pu apposer ses doigts sur les colonnes de cet autel devant eux, l’italienne aurait été glacée de la même façon. Mais d’être ainsi saluée – marque qu’elle avait reçue maintes fois au cours des années, de la part d’hommes divers – en secret, sans un regard alentours, voilà ce qui provoqua son émoi. Bien plus que sa magnificence, ce fut cette intimité dans le silence qui la saisit à la gorge.

Son émerveillement devant le beau ne cessait de grandir, mais étrangement, bien loin de l’élan vénérable qu’elle avait ressenti en l’apercevant au premier abord. Serenella était une exploratrice de l’exceptionnel, son désir de somptueux touchait du doigt l’accomplissement d’une vie. Elle l’observait avec admiration, mais de celle que l’on démontre devant son œuvre favorite.

Dès qu’elle avait entendu son nom, elle avait eu la réponse qu’elle attendait : homme de chair et de sang, bien que ce dernier semble dissimulé sous ce grain de peau sans aspérités. Un mortel, comme elle – et si les cieux avaient été particulièrement généreux avec lui, il ne sera ni salut ni rédemption. Son espoir avait flétri, mais elle s’accrochait à cette délectation distante de la plus grande réussite de Dieu.

La blonde avait assisté et supporté trop d’horreur dans sa courte existence pour se refuser une vision divine, tout en se rappelant qu’il ne s’agissait que d’une autre âme en peine. Car quel autre genre se rendait volontairement sous la croix hormis ceux en attente de signe quelconque, de réconfort qu’ils ne trouvaient point sur Terre ?

Carlisle – un nom bien loin du soleil de ces contrées. Un nom qui évoquait la pluie, les plaines et l’étendue de l’extérieur. Elle lui offrit un petit sourire qui n’atteint pas ses yeux, prenant note comme une bonne gardienne de cette région pour lui retourner chaque prochaine parole avec le bon don de baptême.
Elle n’oubliera jamais, de toute manière. Il s’était gravé dans son esprit.

Un médecin ? Elle n’avait pas eu vent qu’un nouveau docteur devait remplacer ou rejoindre les efforts de ces hommes qu’elle redoutait. Un léger mouvement de recul menaçait, les souvenirs de son accouchement douloureux et des instruments de torture qu’on avait voulu lui présenter lui reviennent un court instant. Il a l’air doux, cependant. Aurait-il proposé une telle agonie, s’il avait été appelé à son chevet trois ans plus tôt ? Elle espérait que non, et elle aurait été bien malheureuse de le rencontrer dans ces circonstances.
Une noble profession, cependant. Les intellectuels de leurs temps sans titres ni argent ne pouvaient se tourner que dans quelques activités : la prêtrise, l’armée, le notariat, les lettres ou la médecine.
Le seul un tant soit peu désintéressé de cette liste était le dernier. Et si cette âme avait choisi de renoncer à l’appel des armes sanglantes, des ordres protectrices ou aux aspirations matérielles de leur monde, cela lui en apprenait déjà assez sur lui.

Ses deux derniers mots, prononcés dans un anglais lointain, confirme sa provenance. Serenella a apprit à force de coups sur la main les langues classiques, mais Shakespeare ne lui revient que difficilement en mémoire. Elle pense comprendre l’expression de respect, sans en être certaine. Son cœur manque un nouveau battement cependant, malgré elle. Le mystère d’un dialecte étranger est à l’origine de découverte d’inconnues : celle de sa voix, et celle des légers frissons dans le bas du dos.

Sa voix, qui est un chant elle-aussi. Un chœur sans orgue, comme il avait sa place en cet instant. Elle l’écoute avec attention. Comme pour son visage, son intérêt se transforme peu à peu en étude, elle qui aime tant joindre ses propres chansons à la harpe. Il est le point culminant de tout ce qu’elle affectionne, et cette présence remarquable la trouble.

Raison pour laquelle elle détourne le regard en même temps que lui, évite ses yeux. Elle n’est pas une de ces femmes qui se laissent happer par un sourire – elle aurait pu, plus jeune. Mais elle a été déçue de ces rêves enfantins. La noble n’est plus une créature d’illusion, elle a les pieds sur cette boue dans laquelle leur témoin du jour les a plongés.

Mais elle pouvait jurer sur le nom du Très Haut qu’il était la chimère la plus réussie qu’elle ait croisée jusqu’alors.

Un peu étonnée qu’il ne réagisse pas plus à son patronyme, elle penche légèrement la tête, les yeux toujours rivés sur le visage en souffrance du Fils martyr. Elle se reconnaissait en ces traits, dans cette posture offerte à la vue de tous, quand la foule n’agit aucunement. Serenella reste de marbre cependant, peu émue par cet étalage de pathétisme alors que le sien ne peut passes ses lèvres.

- Vous devez avoir bien des doléances à présenter, Docteur Cullen.

Le nom étranger roule sur sa bouche, avec ses accents d'été au balcon, éclairant sa bruine d'outre-mer. Elle aime le mot sur sa langue, à son étonnement.
Il assistait constamment aux maux qui leur étaient imposés dans leur chair même, les peaux gangrénées par les maladies et les afflictions diverses. Elle n’était donc pas si étonnée de le trouver en ces lieux.

Mais il y a avait cet halo qui l’entourait… Il ne s’agissait point de sainteté, et derrière ce charisme pénible à résister, elle sentait un quelque chose d’indicible.

Elle se faisait probablement des idées, elle le connaissait à peine…

- Vous arrivez tout juste, je présume. Je vous souhaite la bienvenue dans ce cas.

Quelle autre explication devant son ignorance face à son titre, à la personne qu’elle devait représenter. Elle était la personnification d’un rôle, on se courbait devant elle pour son nom, parce qu’elle était la propriété d’un être. Une extension de son époux, c’était tout ce qu’ils voyaient, ces foules bavardes et grossières.
Il ne serait pas bien différent des autres lorsqu’elle lui annoncerait sa position, et elle se surprenait à ne pas le vouloir.

Ici, ils n’étaient pas plus médecin qu’aristocrate. Ils étaient les enfants d’un Père peu précautionneux. Presque égaux, bien qu’il la surpasse en tout point.

Elle s’étonnait d’aimer cela, épaules se touchant presque, têtes levées à se décrocher la nuque dans la même direction. Deux silhouettes dans l’antre du Châtiment et des récompenses.

Un instant fugace, avant de reprendre leurs parts, et elle retint un soupire pour ne présenter qu’un visage de convenance. Elle est tellement fatiguée…

- L’honneur revient à mon mari. C’est à lui qu’appartiennent les terres que vous visitez. J’ai le privilège d’être sa Marquise.

Elle s’est entraînée tant de fois à prononcer ces mots sans sourciller, sans dévoiler son épuisement et sa haine de cette réalité. Elle n’est que sourire et maintien royal.
Qu’elle déteste être réduite à cela.
Un trophée que l’on exhibe, perroquet de niaiseries. Prétendre être satisfaite alors qu’elle souhaitait crier que le Diable lui-même prenait pitié de son âme.

Elle ne peut dire cela à cet étranger. Elle doit juste sentir son pouls s’accélérer dans son oreille par le mensonge de sa formulation.

Elle n’ose pas le regarder. Serenella préfère fixer leur point d’intérêt commun.

Cette fois-ci un sourire vrai, mais triste, traverse son visage.

- Je crains que non. Je suppose qu’il ne m’écoute plus depuis longtemps.

L’a-t-il jamais fait ? La noble ne se souvenait pas d’un seul instant de félicitée dans son existence, un seul moment pour respirer. Elle est douce dans ses expressions, ce qu’elle veut vraiment dire est qu’Il l’ignore, l’observe souffrir sans un seul mouvement pour la relever. Qu’elle lui en veut de sa cruauté, de la soumettre à son mari et ce fils qu’elle n’a pas demandé.

Elle laisse pendant quelques secondes transparaitre cette peine immense, cet appel à l’aide sans réponse. Elle crie dans un murmure, elle pleure Son silence.

Serenella se reprend, et sourit de nouveau, charmeuse de serpent – sans pomme pour étancher sa soif.

- Mais je n’ai pas à me plaindre, je préfère qu’Il écoute les ouailles de cette paroisse plutôt que mes lamentations.

Mensonge éhonté, elle n’en a que faire, elle demande l’absolution sans jamais l’obtenir.
Une tromperie doit toujours être suivie d’un peu de sincérité, lui a-t-on déjà dit à la confession. Aussi, elle ose :

- Et je me permets de déduire que vous n’avez pas été plus chanceux.

D’où sa présence ici, à ses côtés dans ces lieux sans lumière. Les vitraux ont beau décorer le sol de leurs couleurs, elle n’avance que dans un monde de gris. Elle ne peut craindre sa réaction, de le choquer par son phrasé. Aucun témoin ne les entendait, si ce n'était cet homme sur la croix, et il pouvait bien mourir pour leurs péchés
Elle n'avait jamais eu le bonheur de recevoir la récompense de son sacrifice.

Elle doit le prévenir qu’il ne trouvera pas mieux ici. Cette région magnifique, fertile et lumineuse, était pourrie jusqu’au terreau qu’ils consommaient.
S’il errait lui-aussi, au moins avait-il le loisir de se déplacer. Elle préférait imaginer la beauté parcourir d’autres horizons, lui épargner son temps.

- Si j’osais… que cherchez-vous aussi ?

Un murmure, celle qui devait louer son marquisat n’en a cure

- Il n’y a rien de valeur ici.

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Je me surprends a sourire face à ses réponses, le regard toujours fixé sur la supplication d'un fils abandonné des Hommes et du Père. Quelle ironie de constater que le Fils n'a pas eu plus de réponses que nous autres, pauvres pécheurs qui errons sur ces terres avec l'espoir vain d'entendre sa voix. J'aimais cependant contempler les traits grossiers de ce visage déformé par la douleur. Des traits qui signifiaient tant pour moi, me rappelant un passé trouble qui se dérobait à mes souvenirs.
doucement, alors qu'elle continue à engager la conversation, comme le voudrait l'étiquette de son rang, je détourne le regard du martyr pour venir le poser sur ce fin visage aux traits bien plus dramatiques et déformés par la douleur. Cependant, cette douleur là se voulait invisible, dissimulée sous un sourire courtois et une prestance noble. J'inspirais doucement, imitant les mortels au milieu de qui j'avais décidé de construire mon chemin de repentance. La douce effluve de son sang me parvint à nouveau, laissant le feu dans ma gorge de raviver doucement. Loin d'être intenable, il n'en demeurait pas moins gênant.

- Des doléances qui resteront sans réponse, Dame Alighieri, prononçais-je dans un italien sans accent, roulant avec maitrise ces syllabes qui composaient son nom. Un nom bien noble qui ne saurait éveiller en moi quelconque connaissance de son maitre. Bien qu'il m'ait toujours signifié que la politique des Hommes était une chose importante à apprendre tant elle divertissait, je préférais, au contraire, l'éviter et n'écouter que leurs maux. Car elle était le point de départ de bien des soucis chez ces êtres à l'existence éphémère.

- Vous présumez justement, répondis-je simplement avant de m'incliner en une courbette courtoise et imposée par l'étiquette. Je ne pouvais me montrer impoli face à une dame qui plus est de son rang. Bien que tout cela soit futile pour l'être que j'étais. Puis, tout en me redressant, je m'attardais sans le lui montrer sur ces taches de peinture bien violentes qui recouvraient sa peau délicate. Il n'y avait pas plus cruel peintre que celui qui osait maculer sa toile de violence. Ce peintre là ne pouvait accéder au pardon de Dieu, peut importe le nombre de riches tissus qu'il usera à prier, les genoux a terre pour implorer le Père silencieux. Et j'éprouvais une certaine rancune envers ces hommes, car il ne pouvait être autrement, qui enfermaient ainsi femmes et enfants dans une prison de violence. Cependant, bien que j'en eusse les capacités morbides, je ne pouvais me faire justice moi même et me prétendre l'envoyé de Dieu à châtier ces êtres qui ne méritaient même plus le titre d'homme.

Je lui offris un nouveau sourire léger, espérant lui faire profiter d'un instant de répit. Instant qu'elle avait dû vouloir chercher en se rendant ici, sous le toit de Dieu.

- Privilège qui ne semble guère vous rendre heureuse, répondis-je presque immédiatement, faisant fit de l'étiquette le temps de quelques mots. Il n'était pas bien compliqué de deviner, au rythme affolé de son coeur, qu'elle ne vivait pas dans un conte de fée. Qu'elle cachait bien plus de maux qu'elle ne le montrait, supportant une image épurée qui devait lui peser sur les épaules. Avait-elle jamais cessé de sourire en public ? Etais-je aussi son geôlier à ainsi la forcer de retenir un masque bien trop lourd à porter ? Oh j'aimerais qu'il en fusse autrement. Mais il était bien impossible de franchir ces quelques pas pour lui offrir un instant de répit. Bien que seuls, nous restions tout de même épiés par notre éducation qui nous forçait à rester figés dans cette courtoisie qui n'avait pas de sens.

Je soupirais doucement à ses maux. Le masque commençait à se briser et ses frêles épaules ne pouvais plus le supporter. Quelques pas me rapprochèrent de la Dame de ces lieux, assez pour briser l'intimité, trop peu pour briser l'étiquette. Je lui faisais désormais face, tournant le dos au Fils martyr dont les supplications ne suffisaient plus à intéresser le Père silencieux et absent. Il n'était qu'abandon partout où mes pas me menaient. Depuis ma tendre enfance, on me répétait pourtant qu'il écoutait, qu'il observait. Mais ses voies impénétrables ne laissaient pas de place à l'espoir. Ou bien plutôt, laissaient place à un espoir vain auquel se raccrochaient les âmes désespérées de ce monde. J'en avait fait partie, à une époque, jusqu'à ce que je le rencontre. Il m'avait extirpé de ces croyances, il avait effacé mes espoirs pour les transformer en vérités. De son regard pourpre, il avait chassé les dernières pensées que j'avais eues pour le Père. En parfait serpent de l'Eden, il avait érigé sous ses pieds un piédestal l'élevant au dessus des croyances. Perfidement, il avait fait de son être un nouveau culte, balayant l'espoir au profit de la peur. C'est ainsi qu'il avait voulu me retenir en son sein.

Oubliant ces souvenirs du passé, je me raccrochais à ses mots, si je puis dire maux, qu'elle exprimais à demi mots. L'Etiquette, concept inventé par les grands de ce monde afin d'asseoir leur domination sur les petites gens, la poussait à se voiler la face, masquant ces faiblesses qui menaçaient pourtant de la faire ployer à chaque instant. Elle était bien courageuse de tenir encore ce masque qui s'effritait face à moi. Elle était forte d'ainsi continuer à tromper autrui avec sa prestance noble. Mais je n'étais pas un homme que l'on pouvait tromper ainsi. Pour ainsi dire, j'étais plus proche du serpent que de l'innocence d'Eve et Adam.

- Il semble bien sourd à toutes les prières, qu'elles soient vôtres ou qu'elles soient de cette paroisse.

Je lui cachais, de ma sature, le Fils qui se lamentait. Loin d'être un ange, je pouvais au moins être cette oreille indiscrète qui écouterait ses lamentations, aussi futiles pensait-elle qu'elles soient. Contrairement à Lui, je pouvais l'entendre, je voulais l'entendre me conter ses maux. Ainsi était ma voie. Ainsi était mon choix d'existence.

- Cela fait bien longtemps que nous n'avons plus de dialogue, Lui et moi, ris-je doucement. Il n'y avait pas de chance dans cette équation, simplement des croyances stériles qui permettaient de garder le cap dans un monde bercé par la Misère.

Le rire fugace fut bien vite remplacé par le sérieux de sa question. Pourtant, mon sourire n'avait pas quitté mon visage, faisant bien de l'ombre à l'expression de douleur de cet homme sur la croix.

- Oh, détrompez vous, il y a beaucoup plus de valeurs ici que nulle part ailleurs, répondis-je doucement avant de me redresser. Puis je me perds dans la contemplation vide de ces lieux sobres. Ai-je réellement besoin de justifier ma présence en tant que médecin, dis-je ensuite. Car il était vrai, je ne cherchais rien de particulier si ce n'était fuir son emprise, fuir la Solitude et l'Ennui. Telle était ma quête actuelle. Trouver un sens à mon existence éternelle. Je vais ça et là, offrant mes services, My Lady.

Je fis une légère pause avant d'oser ces quelques mots, brisant le silence.

- Et je pressens avec orgueil que vos maux ont besoin de bien plus que d'essayer de Lui adresser vos prières, soufflais-je doucement. Les coups de pinceaux sur sa peau parlaient pour elle, exprimant de façon assourdissante la détresse dans laquelle elle vivait. Une prison dorée, si vaste qu'elle ne semblait avoir de fin.

- Mais je peux partir, si vous préférez cela, Dame Alighieri, finis-je tout en prononçant encore une fois ce nom dont j'aimais les sonorités chantantes.
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TW : Violences conjugales


A la limite du blasphème, ils erraient en funambules dans la maison du Très Haut. Ils tanguaient dangereusement avec le vide, dans une époque où douter était crime, ou prétendre connaitre les plans de leur Maître offensait la morale.

A quoi servait-elle, cette leçon, quand ils n’apprenaient plus rien ? Serenella sentait le poids de leur Père dans le dos du médecin, alors qu’il la cachait de sa vue. Elle se trouvait dissimulée, éloignée de cet œil indiscret qui n’haussait le sourcil que devant la désobéissance. Face à l’étranger et dos à Dieu, elle lève le regard vers des iris ensoleillées.

L’intensité de leur échange voilé la plonge dans la confusion. Que se passait-il, dans cette parodie de cathédrale ? Alors qu’ils admettaient leur abandon à deux pas des prêcheurs leur soutenant qu’ils étaient écoutés, ils se toisaient dans une lueur de reconnaissance. Ils avaient trouvé par hasard une opinion paire, une détestation égale des faux-semblants. Quelle ironie de respecter l’un des plus grands commandements : l’honnêteté tant demandée pour un dirigeant qui ne daignaient même pas leur répondre.

La Marquise ne joue plus la comédie en déposant des saphirs tristes pour s’enchaîner le temps d’un battement de cil dans l’or mystérieux. Elle ne détourne pas le regard, elle qui garde pourtant constamment les yeux baissés. Il la contemple, attentif – mais elle n’a pas l’impression d’être une bête de foire pour lui. Le docteur ne tourne pas autour d’elle pour jauger de ce qu’elle a à offrir. L’italienne connait les hommages fugaces pour qu’elle s’allonge, les beaux mots seulement mensonge pour l’obtenir. Il porte sur elle une analyse neutre, étude médicale et indifférente – croit-elle.

Serenella ne peut cacher sa surprise. Elle sonde son visage, le voit remarquer les marques décorant sa peau. Elle se fige d’étonnement lorsque l’ambre orne son cou, sa tempe et les autres dissimulations qu’elle a préparé derrière des mètres de soie. D’ordinaire, personne n’y prend garde. Elle a appris sa partition par cœur, poussant des soupirs alors que les notes noires sont notées sur les lignes de ses veines. Il interrompt la mélodie par son intervention muette.

Les autres sont bien trop heureux de tourner la tête, de prendre leurs instruments et avancer sans elle. La pianiste confinée à son salon entend l’orchestre dans la pièce d’à côté et les chants grégoriens au-dessus. Le public reste de marbre face au crescendo de violence, conservé derrière les portes closes. Et ceux qui en ont vent préfèrent souffler dans hautbois pour se donner un air de distinction. Personne ne s’est jamais soucié de ses compositions appelant à l’aide, ou de ses mains tremblantes souhaitant arracher les touches, trouver les cordes pour en faire un nœud autour de son cou gracile.

Mais lui, il semble voir plus loin. Non seulement cela, mais oser le faire remarquer.

Est-ce le sens de son constat, une invitation à lui faire part de ses peines ?
Pourquoi proposer de partir juste ensuite, si ce n’était parce qu’il lui offrait de l’écouter ?

Elle hésite un instant, de peur de se fourvoyer, qu’il n’insinue pas du tout ce qu’elle espère avoir compris. Une partie d’elle souhaite avoir raison, l’autre redoute l’incompréhension. Pis encore, si elle se confiait, irait-il en informer son geôlier ?

Il semblait au contraire peu au fait des us et coutumes de la région, son nom lui était inconnu. Dans ces conditions, que pourrait-il révéler à son époux ? Rien qu’il ne savait déjà, après tout. Lorsqu’ils seraient présentés, elle pourra toujours dire à son époux que ses plaies la faisaient terriblement souffrir – ce n’était pas un mensonge – et que le regard d’un spécialiste avait été nécessaire. Que pourrait-il répondre à cela ?

Il ne pouvait pas faire pire, de toute manière. Elle ne risquait rien de plus que ce qu’il ne lui infligeait déjà quotidiennement.

Une pointe de rébellion, portée par des ailes d’oiseau rêvant de liberté – certainement pas d’ange – la décide.

- Non, restez.

Sa voix est posée, un ordre qui est en réalité une supplique dissimulée. Il avait été le premier à remarquer, à demander.

Elle ne voulait pas s’en séparer maintenant.

Avec effort, elle lui tourne le dos pour retourner s’asseoir sur un banc. Elle l’observe la surplomber, tandis qu’elle sort un tissu brodé de ses initiales honnies. Ses yeux s’arrêtent sur le S et le A entrelacés, pensive. Elle se perd dans cette prison de patronyme, tout en songeant à l’affront qu’elle s’apprête à commettre. Afin de gagner du temps, elle répète distraitement les mots de son interlocuteur.

- Çà et là…

Elle secoue la tête.

- Je vous envie. Je ne suis jamais allée au-delà de la campagne florentine.

Elle sort enfin son miroir, et commence à déposer le tissu sur les couches de poudre épaisse qu’elle s’est appliquée à placer le matin même.

- Parlez moi de cet ailleurs. Vous n’avez pas trouvé ce que vous cherchiez. Pourquoi ici serait plus valeureux que plus loin ?

Elle espérait une description de régions lointaines, elle qui rêvait de voyage. Un aperçu de la Terre, bien loin de cet enfer sous couvert de soleil et de tendres poèmes. Les cyprès et les fleurs ne pouvaient éternellement planter le décor d’une scène de vie – Serenella savait qu’en coulisse et sous les planches se jouait une tragédie qui ne sera jamais dévoilée au parterre.

Lentement, par honte, pudeur ou crainte, elle prend son temps pour libérer sa peau de ses contraintes. Elle retire petit à petit la couverture rendant son visage encore plus blanc qu’il ne l’était déjà. Se révèlent les bleus sur ses joues, sous le coin de ses yeux.

Elle est une personne fière, elle n’autorise personne d’autres que les médecins à la voir ainsi. Il avait bien fallu les visiter de temps à autre dans le passé. Son mari lui-même les avait sommés, conscient de ses débordements. En général, s’il en arrivait à un tel extrême, il craignait pour sa vie. A son grand daim, Serenella devait rester à ses côtés. Il ne peut se permettre de perdre son petit faire-valoir. La belle se demande bien pourquoi, il n’aurait aucun mal à la remplacer.

La seule raison possible était que, en dépit de ses moyens de l’exprimer, il lui portait de l’affection.

Cela lui donnait envie de vomir.

Si le Docteur Cullen comptait rester un temps, elle finira indéniablement par lui révéler ses secrets. Autant commencer dès à présent puisqu’il le demandait. Si un prêtre arrivait, elle pourra toujours le soudoyer. Cela fonctionnait si bien, d’habitude. Et elle n’aura qu’à rentrer dans ses cages de bois, demander confession pour qu’il soit lié par l’ignominie lui aussi.

Elle achève enfin son œuvre en passant le mouchoir souillé sur sa nuque. Elle se trouvait désormais sans artifice, le blanc teinté de bleu, de jaune et de noir. Elle termine le tout en enlevant ses gants, dévoilant leur état tout aussi pitoyable.

L’italienne a encore bien plus à cacher, mais la décence empêche l’homme de découvrir d’autres… attraits.

Laconique, elle fait mine de ne pas se soucier de la sévérité de son visage tuméfié. Elle sort déjà la poudre qu’elle conserve en toute occasion. Elle devra l’appliquer de nouveau après l’examen – de toute manière, si elle n’avait pas réussi à le tromper en arrivant, cela signifiait qu’elle avait échoué dans sa tâche de se taire. Ni vue, ni connue, elle prendra le temps de remédier à ce désordre sur sa chair nacrée avant de sortir de l’église.

Elle va au-delà de toutes les convenances, mais les critiques de la Trinité sont déjà passées. A vrai dire, si le scandale éclate, peut-être trouvera-t-elle un peu de soulagement dans l’opprobre.

Serenella sait qu’elle n’en fera jamais rien. Mais c’est une illusion douce, de s’imaginer tout relâcher et s’abandonner au destin, plutôt que de s’accrocher au peu de contrôle qu’on lui accordait : celui de prétendre.

Comme si de rien n’était, elle range le miroir, et retrouve le visage véritablement parfait, sans besoin de fausseté en face d’elle.

- Quel est votre diagnostic ? Cela partira-t-il convenablement ?

Elle sait différencier les coups, désormais. Elle suppose que cette séance là disparaitra en quelques jours, mais mieux valait demander. Si les tâches devaient rester, elle allait devoir investir dans davantage de subterfuges.

Peu importe, elle avait prévenu sans conviction que ce soir, il devra faire attention à épargner les parties visibles de ses plaisirs pour leur rendre la vie plus aisée. Il avait acquiescé, elle ne se faisait pas trop de soucis.

Serenella était entrée éplorée en ces murs. Mais l’absence de toute honte, de toute hésitation devant le médecin l’étonnait elle-même.
En temps normal, elle aurait dû résister à l’appel de la vérité. Se contenter de partir, et ne pas lui accorder un regard. Revenir dans son cabinet le lendemain, et agir selon les règles.

Elle était fatiguée, des obligations. Fatiguée de pleurer, fatiguée d’implorer ou d’être en colère.

Elle se sentait juste vidée. A quoi bon lutter dans ces conditions ?

Et il avait demandé à savoir. Personne ne le faisait.
Alors, elle cédait. Au moins une demande qui ne lui coûtait pas.
Au moins un être qui semblait s’en soucier.

- Vous savez, vos collègues sont moins directs.

Après une pause, pour clarifier son propos, elle poursuit :

- C’est rafraichissant, je dois dire. Je vous en remercie, quelque part.

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Je me surprends à sourire doucement face à son ordre prononcé de façon presque instinctif. Je ne devrais pas. Cette dame avait besoin de soutient et non de ce sourire narquois qui fendait discrètement mes lèvres. Mon regard se posé à nouveau dans le sien, si chargé d'histoire et de souffrance. La noblesse était, par bien des égards, un monde cruel où la pitié n'avait pas la place. C'est une chose que j'avais découverte lorsque je vivais encore à ses côtés, lui, le monarque incontesté et si cruel. Mais elle semblait différente, bien loin de ces règles que l'on imposait dès le berceau. Elle semblait... libre dans sa cage dorée. Intrigué par cette grande dame bien loin des clichés imputés à son rang, je l'observe, sans un mot, gardant ce léger sourire sur mon visage malgré la situation. La belle italienne prit le temps de s'asseoir, digne, fière malgré ce que tentait de dissimuler maladroitement à mes yeux cette poudre dont s'enduisaient les femmes. Un artifice dont je peinais à comprendre le sens tant il était bien loin de ce que j'avais eu l'habitude de côtoyer, même de mon vivant. Mes enseignements m'avaient toujours montré de les artifices étaient le fait du Malin. Mais y avait-il réellement une trace du Vil sur ce visage au regard triste ?

Doucement, je m'approchais à nouveau d'elle, comme attiré par ses grands yeux dont l'âme ne cessait de me parler. Son regard était si profond, si... vivant, contrairement à moi. Avec une certaine nonchalance, je m'appuyais inutilement au banc qui nous séparait si simplement de l'autel. Ses mots envahirent avec une certaine légèreté teinte d'amertume et de curiosité le maison de Dieu. Coincée dans cette cage dorée, elle ne pouvait que voleté jusqu'à croiser les barreaux et imaginer l'ailleurs. Gardant ce sourire léger, j'espérais ainsi apporter un peu de soleil en ces lieux, je pris le temps de répondre :

- Ici et ailleurs, dis-je simplement, possèdent des paysages que seuls les yeux peuvent saisir avec justesse.

Bien que les grands peintres aient retransmit avec une certaine poésie ces lieux que j'avais traversé, ils n'avaient réussit à en capturer l'âme si délicate. Les fragrances manquaient à ces toiles d'huiles où les imperfections de la peinture n'arrivaient à égaler celles de la nature.

- Vos yeux seraient ravis par les grandes étendues blanches en hiver de ces forêts si inhospitalières.

Je l'invitais presque, brisant sans pudeur les codes érigés par l'humanité, à me suivre dans mes récits, à rêver à ma place de ces espaces que j'avais vu et dont la beauté n'avaient d'égale que ces rêves les plus fous.
A mesure que je lui décrivais ces plaines enneigées où couraient d'étranges animaux, semblables à des cerfs mais si différents, je constatais qu'elle se libérait de ses artifices. A mesure qu'elle chassait de sa peau cette peinture grossier, les taches sombres de peintures qu'elle recouvrait s'offraient au grand jour, à la vue du Martyr. Celui là même qui n'avait sut répondre à ses plaintes silencieuses. Ma voix s'éteignit alors que je la contemplais presque avec surprise se dévoiler face à moi. Mes années d'existence m'avaient fait voir la misère du monde, mais jamais encore je n'avais tant été touché par le malheur d'un être humain. Mon sourire se fana et mon regard, reflet du soleil, se ternit légèrement. La noblesse ne la méritait pas.

J'aurais voulu l'éloigner de tout cela, la délivrer de sa cage dorée, mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais, qu'impuissant, observer la triste pièce de théâtre qui se jouait devant moi. Chacun de ses gestes, bien que délicats, renfermaient une certaine douleur, une certaine colère.
Gardant un semblant de calme, je sentis le bois se fendre sous mes mains. Assez vite, afin de ne pas plus éveiller des soupçons, je les détachais de ce banc qui n'aurait guère pu contenir ma colère.
La toile qui s'offrait à moi ne me plaisait pas du tout. C'était une toile que j'avais vu maintes et maintes fois. Certains hommes considérant que les femmes n'étaient qu'une vierge toile où libérer leur frustration.

J'approchais d'elle, tendant mes doigts pour effleurer sa peau avant de me raviser, me redressant. Inutile de ressentir plus la souffrance de ces hématomes qui trônaient fièrement sur ses joues. Mon expression restait fermée, interdite. Sous le toit de Dieu, on m'offrait le pire des péchés et pourtant lui demeurait silencieux.
Plaisantait-elle en me demandant si futilement si cela s'en irait comme une tâche que l'on lave à l'eau ? Me servait-elle cette fausse abnégation ? Sans se révolter de sa situation ? Sans se battre ? Ô la noblesse l'avait détruite...

- Certains... coups ont été plus violents que d'autres, commençais-je, hésitant sur mes mots. Cela me répugnais d'avoir à constater pareille violence, pourtant, c'est ce qu'il fallait. Inutile de se perdre en tour et détours face à ces horribles tâches de peinture. Rentrant alors dans ce rôle qu'elle m'avait attribué, j'avançais de nouveau vers son blanc visage et osais le toucher de mes doigts gantés. Le cuir emprisonnait mon toucher glacial.
Avec une certaine délicatesse en ayant presque peur de la briser plus, je tournais son visage, découvrant de nouvelles horreurs. Je n'avais guère besoin de faire cela, ma condition me permettant de voir tout ce dont j'avais besoin et même plus encore. Mais il y avait ce besoin de jouer mon rôle, d'attraper cette excuse pour briser les barrières de la bienséances.

Mon inspection continua. Je regardais avec un certain sérieux la myriade de taches bleues qui parcouraient sa peau. Des coups qui auraient pu la tuer. Voici ce que disaient ces preuves de violence. L'artifice n'était point le Malin, il ne faisait que le dissimuler sous sa teinte crème.
Je m'éloignais ensuite, posant sur elle un regard circonspect quant à ses dernières phrases. Mes confrères préféraient, il en était certain, rester discrets quant à l'appel à l'aide de cette femme. A n'en point douter que l'auteur de ces horreurs était un homme d'une grande influence. Et quoi de plus logique compte tenu de son rang. Elle était bien née, c'était certain, pourtant, elle ne touchait pas le bonheur du bout des doigts et n'arrivait même plus à l'espérer.

- Cela va sans dire que mes mots sont crus, ma Dame, mais il le faut.

Je m'investissais d'une nouvelle mission, trouvant ainsi une nouvelle accroche, un nouvel intérêt. Si Dieu ne pouvait répondre à ses prières, j'allais le faire, me substituant ainsi à ces anges censés protéger l'humanité d'elle même.

- Vous avez eu de la chance, cette fois-ci, continuais-je, toujours grave. Ces maux auraient bien pu vous ôter la vie.

Je fis une pause avant de continuer.

- Pardonnez mes propos mais vous ne pouvez rester ainsi, à souffrir. Il en va de votre vie.

Je laissais encore le silence se faire, puis je repris emporté par des mots fous.

- Je ne suis qu'un humble médecin itinérant, mais je ne crains que vous ne deviez supporter encore ma présence. Je ne peux laisser une patiente dans cet état ni même laisser le risque que cela puisse se reproduire. Qu'Il m'en soit témoin, si je m'en vais sans faire quoi que ce soit, le serment que j'ai passé sera brisé.

Mes mots étaient solennels, d'un autre temps. Je m'immisçais bien trop dans sa vie privée. Mais je ne pouvais rester aveugle à cet appel à l'aide, encore moins sous ce toit, fusse-t-il le synonyme de mensonges et de tromperies.
Serenella Alighieri
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Jeu 22 Fév 2024 - 18:47
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I swear, it must be
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TW : Violences conjugales

Ici et ailleurs, trois mots qui la font rêver. Ils sont diffus, un brouillard au-dessus des vagues, ils n’évoquent rien – si ce ne sont que des descriptions sans âmes dans des manuels de géographie qui l’ennuient à mourir. Pourtant, dans cette masse indistincte laissant place à l’imagination, Serenella aime s’enfoncer, lever la main pour effleurer la brume qui lui file entre les doigts. Ces endroits qu’elle ne verrait jamais, qu’elle essaie de se figurer en songe. Elle se demande s’il ne vaudrait pas mieux rester dans l’ignorance. Une part des fantasmes enfantins peuvent ainsi demeurer : ceux de plages de sables roses, de nuages bleus et de ciel blanc. Ces univers de l’imagination que les philosophes pointent du doigt comme un mal, comme un énième obstacle les séparant de Dieu. Du temps perdu à fabriquer des mondes inventés, plutôt que d’observer la Création.

La Marquise pense au contraire qu’elle a passé trop d’années éveillée. Le Très-Haut est tout ce qui a occupé ses pensées pendant dix ans, sans que celui-ci ne lui rende la pareille. Il avait pris la place qu’on attendait auprès d’elle, et Serenella avait eu peu d’opportunité de laisser libre cours à sa créativité. Ses tableaux restaient ternes, des portraitures et les arbres du parc de son manoir qu’elle connaissait par cœur, voilà la seule fantaisie qu’on lui autorisait.

Qu’on ne lui interdise pas l’évasion du récit, désormais. Lui reprochera-t-on également de se figurer les mots du médecin en image ? Il faut se contenter du réel, et elle ne demande que cela : parcourir l’œuvre de leur Père, en apprendre plus sur ce qui est vrai. Mais puisque cela lui est refusé, que le Grand Tour est l’apanage des Maitres, au moins pourra-t-elle contempler ce qui les entoure par le biais d’un autre.

Evidemment, quelques phrases ne pourront jamais rendre avec fidélité les errances d’un grand voyageur, et pourtant, Serenella reste pendue à ses paroles.

Elle connait la neige, cette preuve de saison la plus détestée de l’année, où elle se trouve confinée entre quatre murs. A la merci des éléments – humains – tandis que ceux de la nature lui présentent leur dos. Elle déteste cette poudre blanche qui s’abat sur le pays tandis que les messes résonnent encore plus fort qu’à l’accoutumée. Le blanc est la couleur de ceux voulant se prétendre plus pur qu’ils ne le sont…

Mais lorsque le Docteur Cullen l’évoque, cet hiver lointain, sauvage, il sonne attrayant. Bien loin des pierres des bâtisses impressionnantes, et des jeux de cour. Seulement une marée de neige, brillant à la lueur du soleil sans fondre. Il lui conte des créatures étranges, qui ne ressemblent à aucune proie que lui présente son époux aux repas.

Etrange, de penser qu’ils partageaient tous le même air, sans pour autant connaitre les mêmes pans de l’existence. Alors que ses mains continuent d’ôter ce teint de cire factice, les yeux bleus viennent trouver l’or pour essayer de percevoir une trace de leur ces visions ainsi décrites, tout en sachant que rien n’y fera.

Que ne donnerait-elle pas pour comprendre un peu de cet impossible qu’il narre. Il a précisé qu’aucune toile ne pourra retranscrire ce qu’il a vu, et Serenella le croit sur parole. Mais elle aimerait avoir cette possibilité, de contempler puis de peindre et d’échouer à rendre sur le canevas ce à quoi elle a assisté. Elle voudrait avoir le choix.

Elle se figure assise devant son chevalet, à apposer son pinceau en écoutant attentivement les descriptions du médecin. Elle profiterait de la peinture encore fraîche pour ajuster ses traits sous les directives de l’ange, rectifiant ses erreurs gauches de peintre amateur. La toile deviendrait alors plus que dessin : elle sera fenêtre sur l’inconnu.

Serenella entend les récits mourir, et elle relève la tête pour lui demander de poursuivre, avec l’innocence des enfants insatisfaits qu’on les envoie au coucher sans la fin de l’histoire. Elle comprend vite la raison de son silence nouveau, en surprenant son regard posé sur son visage, et ses décorations qu’elle dissimulait jusqu’alors.

Était-ce de l’indignation qu’elle distinguait dans cet or étrange ? Elle peine à y croire : personne n’avait démontré une quelconque émotion face à ces traces. Les autres préféraient détourner le regard la plupart du temps. Et dans le pire des cas, pour les individus les plus durs, les spectacles de ce genre ne sauraient leur tirer un battement de cil.

Mais pas lui. Ce nouvel arrivant semble – du haut de son visage insondable – touché par ce qu’il voyait. L’italienne n’est pas une grande experte des sentiments des hommes, mais elle aime à croire que la vision qu’elle lui présente lui déplaît. Maigre consolation, mais elle a appris à se satisfaire de peu – sachant qu’elle n’aurait rien d’autre.

Alors qu’elle l’invite à l’examiner, envoyant au Diable la bienséance, elle s’attendait seulement à ce qu’il hoche la tête et ne la reprenne pour lui dire que ses bleus ne disparaitront pas de sitôt. Cela aurait pu s’arrêter là.

La stupeur se saisit donc d’elle lorsqu’elle l’observe s’approcher d’elle, et que ses mains se posent sur son visage. La jeune femme est soudain figée, incapable d’exprimer le moindre mot ou de réagir. Tout ce qu’elle entend, ce sont les battements de son cœur affolé dans sa poitrine et résonnant dans ses tempes, de se trouver si proche d’un autre homme que son époux. Passé la seconde de peur qui l’avait étreinte lorsqu’il s’était dressé devant elle, et un léger frisson de crainte, elle sentait des tremblements d’un autre genre menacer de prendre contrôle d’elle.

Evidemment qu’elle avait eu peur de lui quelques instants. Elle ne connaissait les hommes qu’au travers de l’humiliation, des coups et de chair qu’elle aurait préféré ignorer. Bien qu’elle doute que cet inconnu ne la heurte dans la Maison de Dieu, la Marquise avait conscience que l’audace de ceux qui n’avaient rien à perdre pouvait parfois leur monter à la tête. Ils se croyaient divinités à la place de la Trinité, engaillardis par son silence.

Sans oublier que personne ne connaissait son visage, personne ne le soupçonnerait s’il lui arrivait quoi que cela soit.
Bien qu’une fois que cette ville ait pris connaissance dans la perfection de cet homme, il ne sera plus jamais libre non plus.

La frayeur évanouie, ne reste que sa proximité indécente et le souffle coupé de Serenella. Elle tente de rester mesurée, de ne rien laisser paraitre de son émoi, mais rien n’y fait. Les derniers souvenirs d’un toucher précautionneux remontaient à son enfance. Elle se rappelle des auscultations d’autres médecins, bien moins agréables, toujours teintées de souillures.

Pas avec ce docteur-ci. Il prend garde à changer les angles avec douceur, et Serenella ignorait que l’on pouvait manier sa nuque avec tant d’égards. Ses effleurements ont beau être cliniques, elle n’a jamais connu de praticien aussi prévenant, aussi intéressé par son bien-être et pas uniquement par son art de corriger les corps.

Malgré le cuir de ses gants, la conscience qu’il exécutait son devoir, elle sent sa colonne vertébrale parcourue de tressautements, et même si son visage reste impassible, ses yeux disent une autre histoire malgré elle. Immobile, se modelant à l’envie en fonction des besoins d’observation, Serenella est troublée. Pourquoi avait-il accepté une telle consultation, ici, rompant toutes les barrières que le bon sens et leurs éducations leur avaient inculqués ? Pourquoi prendre le risque de se faire repousser, traité de goujat par une femme à la voix aigüe ? Elle aurait pu crier, nier avoir formulé une demande aussi saugrenue.

Elle n’en ferait rien, car elle voit un peu de compassion chez lui – et cela l’apaise quelque peu.

C’est presque à regret qu’elle l’observe s’éloigner, et se placer devant elle. L’italienne se reprend alors, et se saisit de son poudrier pour dissimuler le voile qu’il avait apposé sur ses yeux. Elle avait passé l’âge de rougir devant le regard des autres. Pendant dix ans, cela avait été le cas. Aucun de ces prédateurs potentiels ne pouvaient éveiller le moindre papillon dans son ventre – à part si une tornade d’avertissement comptait comme telle.

Il avait été trop aimable – et un peu naïf – de l’examiner dans cette église, mais il ne s’agissait que d’un égarement de praticien trop attentif, rien de plus…

Elle relève la tête d’un coup lorsqu’il reprend la parole.
Effectivement, il n’y allait pas de main morte… Ses comparses n’auraient jamais osé exposer aussi aisément la gravité de la situation.

Serenella n’est pas idiote. Elle sait qu’elle aurait pu mourir, ce dernier échange avec son mari avait été particulièrement effrayant. De là à dire qu’elle avait eu de la chance… Pour être honnête, elle espérait parfois que tout cela prenne fin, qu’elle soit libérée de ce calvaire permanent qui la maintenait éveillée à toute heure du jour et de la nuit. Serait-ce un sort si terrible de ne pas se réveiller après que ses yeux aient été tant frappés, que leurs gonflements l’empêchaient de bouger les paupières ? Que ses bras soient cassés de nouveaux, ses jambes tordues ? Sans parler du reste…

Elle parvenait sans trop de mal à créer des hypothèses moins chanceuses que le trépas.

L’aristocrate allait le remercier de sa sollicitude, jusqu’à ce qu’il n’assèche sa gorge en formulant des paroles folles.

Qu’elle ne pouvait pas rester ainsi.
Qu’entendait-il par-là ? Il en allait de l’ordre des choses, ou du moins, de ces contrées. Un conte vieux comme cette terre, de femmes au service de leurs époux. Rien d’inhabituel, rien de choquant, le genre d’histoires que l’on tait aux petites filles mais que tous les adultes apprennent rapidement.

Il était probable qu’elle finisse par succomber sous les coups, mais que pouvait-elle bien y faire ? Qu’est-ce que le dire à haute voix allait bien pouvoir changer ?...

Ses yeux s’écarquillent devant son vœu soudain, et elle se relève un peu brusquement. Plusieurs pensées se bousculèrent dans son esprit.
Il allait intervenir, s’immiscer dans les affaires de la bonne société. Il allait les faire tuer tous les deux : elle pour avoir parlé et lui pour oser agir dans des cercles qui ne le concernaient pas.
Qu’allait-il bien pouvoir inventer ?... Qu’est-ce qu’un médecin de campagne, de passage, allait bien pouvoir modifier dans son quotidien resté le même depuis près de dix ans ? Avait-il le souhait de voir sa vie en danger, ses diplômes ne le protégeront pas ici. Tout était à la botte de son époux, et tous craignaient trop de se faire écraser pour ne serait-ce que lever les yeux.
Pourquoi voulait-il entreprendre cette folie ? Hippocrate lui-même n’aurait pas été si loin, le serment ne dépassant pas la table d’opération. Les portes restaient closes pour les médecins, qui étaient ce qu’il restait de plus proche du divin avec leurs mains salvatrices, mais toujours désespérément humains. Il venait tout juste de la croiser, sûrement ne prenait-il pas ses promesses à cœur au point de la placer sous sa protection, juste pour quelques bleus ?...

Il restait pour elle.

Serenella joint ses mains, ne sachant qu’en faire, soudain si nerveuse que les mots lui échappent. Malgré ce tumulte au creux de son ventre, malgré la surprise magnifique quelqu’un réagit enfin, elle ne peut pas le laisser se bercer d’illusion.

- Monsieur. Votre dévouement à votre cause vous honore. Mais de tels échauffements sont inutiles. Vous ne pourrez rien y changer, pas plus que moi.

Soupirant, elle porta sa main à son front, fatiguée d’avance. Sans qu’elle ne le désire, des plans d’évasion surgissent dans son esprit, comme toutes ces fois auparavant. Et comme à chaque fois, elle les ignorait. Ces agréables utopies ne pourraient que la faire plus souffrir à long terme, elle devait rester dans la réalité.

- Je suis mariée depuis dix ans, et toujours bel et bien là. Quoi qu’il en dise, je semble indispensable à mon époux, il ne saurait me congédier maintenant.

Tant que la compagnie de la bouteille ne sera pas trop tentante. Le Marquis savait que même-lui ne se sortirait pas indemne du meurtre de son épouse. Il pourrait le dissimuler, mais personne ne serait dupe. Il était une chose de battre, une autre de tuer. Tous ceux qui étaient restés muets jusqu’alors s’insurgeraient si elle devait être mise en terre.

Il le savait, elle était donc protégée. Et Serenella essayait de le signifier à ce bel idéaliste qui remplissait sa tête de pensée de liberté.

- Je vais bien, Docteur Cullen. Aussi bien que possible.

Fuir signifiera son arrêt de mort. Car elle encourrait déjà ce sort, mais si elle était surprise à essayer de quitter sa tâche, elle sait qu’aucun raisonnement ne parviendra aux oreilles de son Seigneur et Maitre. Il était curieux que le médecin pense qu’elle pourrait s’échapper de ce destin. Personne ne l’envisageait, ici. Question de rang, de fortune, de réputation.
De survie. Que ferait-elle, sans le sou, une fois loin d’ici ? Et qu’adviendrait-il de son enfant ?

Mais étrangement, cela semble inconcevable pour l’anglais, et Serenella sent son cœur se serrer. Doucement, elle s’approcha encore de lui.

Il l’ignorait, mais elle lui sera toujours éperdument reconnaissante pour son élan de délicatesse. Inutile, mais infiniment précieux.

- Vous avez déjà fait bien plus que vos pairs. Considérez votre serment rempli à mon égard.

Dans un mouvement non prémédité, aussi vite parti qu’il était arrivé, la petite main cachée par la dentelle vint trouver l’avant-bras vêtu du docteur.

- Quittez cet endroit aussi vite que vous le pouvez. Et pensez à moi lorsque vous verrez de la neige. C’est tout ce que vous pouvez accomplir de plus.

Lâchant son compagnon sans en revenir de son audace, Serenella recule et cherche à réunir ses affaires. Elle ne pouvait fuir son époux, mais elle devait s’éloigner de cet homme.

Il emplissait trop sa tête de visions de révolte et de beauté pour qu’il soit inoffensif.

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Pourquoi avais-je envie de m'indigner face à ses propos ? Face à ces réponses qui ne faisaient que fuir le problème ? Pourquoi étais-je ainsi impacté par une simple humaine dont le sang chantait si légèrement pour moi ? Qu'avait-elle de plus que toutes ces autres femmes qui avant elle avaient tenté de me courtiser ?
Etait-ce sa noblesse d'âme ? Ce regard déterminé malgré des propos qui abandonnaient ? Je ne savais pas. Pourtant, je ne pouvais accepter ses maux, je ne pouvais accepter de rester sans rien faire.
Figé sans un sourire, le regard plongé sur les bleus de sa peau qu'elle tentait tant bien que mal de dissimuler avec de faux semblants, je l'écoutais abandonner.

La peur était très certainement une explication à ces mots. Une peur justifiée. La haute société n'avait de noblesse que le titre tant ils souillaient de leur exactions le nom de Dieu. Tout leur était permis et aucun ne cherchait à retrouver le droit de chemin. Le malin avait déjà la main mise sur ces hommes là. Mais pas sur elle, pas sur cette femme au regard déterminé tout autant qu'effrayé.

Non. Je refusais. Je refusais cette destinée qu'elle souhaitait s'imposer. Je refusais de la laisser filer entre mes doigts, de savoir qu'elle retournerait dans les griffes de ce monstre qu'elle appelait époux.
Car c'était bien la première fois, en quelques siècles d'existence, qu'une personne touchait ainsi mon coeur mort. Et pourtant, j'avais côtoyé la misère de la guerre, j'avais fait de mon amie la pauvreté dans laquelle j'évoluais pour tendre la main à ces pauvres âmes. Je l'avais fait lorsque je vivais encore sous sa coupe. Lui qui me regardait sans comprendre que l'on puisse s'intéresser à la misère de ces futiles insectes qui ne servaient qu'à nourrir la race supérieure. Pourtant, il ne manquait pas de me demander de lui conter mes journées à sauver le bétail. Il aimait à me surnommer le berger, son berger.
Mais je m'étais lassé de ce rôle. Je m'étais lassé de soigner et de sauver pour qu'au final, tous finissent à l'abattoir. alors j'étais parti, guidé par l'ennui mais aussi très certainement parce que je le fuyais.

Alors oui, je refusais de jouer à nouveau ce rôle où j'étais bien impuissant face au Destin des Hommes. Je souhaitais, pour une fois, mettre à profit cette malédiction qui me gardait en vie, qui m'octroyait la force de détruire d'une main, mais également de chérir de l'autre.
Elle rompit de nouveau cette distance chaste qui nous séparait, posant sur mon bras sa main enveloppée d'une délicate dentelle. Malgré l'épaisseur de mes vêtements, je pouvais aisément sentir la chaleur de ce contact qui se brisa tout aussi rapidement qu'il était venu. Le vol d'un papillon. Ce toucher avait été léger bien qu'emprunt de gravité. Malgré mes sens développés, j'avais été trop lent pour retenir ces doigts délicats. Mais qu'importe car je m'octroyais moi aussi le droit de briser sans pudeur cette distance chaste.

D'un geste délicat, j'attrapais le bout de ses mains alors qu'elle s'affairait à ranger ses affaire. L'oiseau désirait prendre son envol pour regagner cette cage qu'elle avait quitté depuis trop longtemps. Pour retourner auprès de ce maitre chanteur. Mais je ne lui en laisserais pas l'occasion. Cela ne faisait que quelques minutes qu'elle avait croisé ma route et pourtant elle m'avait plus marquée que d'autres qui m'avaient tenus compagnie durant des années. Et je refusais de la voir s'envoler loin de moi, de la voir risquer à nouveau sa si fragile vie.

- Ne partez pas, dis-je dans un souffle alors que je posais mon regard froid dans le siens. Un bleu profond, magnifique. Un océan dans lequel le marin aimerait se perdre. Je vous prie de m'excuser pour mes propos, enchainais-je tout en tenant toujours le bout de ses mains.

Je restais un court instant silencieux, accompagnant l'enfant martyr dans son éternel silence, même auprès des fidèles qui venaient lui demander de l'aide. Mais contrairement à lui, j'allais répondre, j'allais aider. J'allais me faire l'émissaire, l'ange qui viendrait sauver l'humanité de ses maux. Ainsi était-ce la folle et orgueilleuse promesse que je m'étais faite pour donner un but à mon existence sans fin. Cela l'avait faire rire, lui, de m'entendre dire ces choses là. Lui qui ne faisait qu'exister, sans désir de vivre. Lui qui ne comprenait pas. Et pourtant lui qui conservait une emprise sur moi malgré la distance.
L'aider serait peut-être également une voie vers ma liberté.

- Je ne peux répondre favorablement à votre demande, ma Dame. Il y a ici quelque chose de bien plus important qui me retient.

Une courte pause vient à nouveau ponctuer mes mots.

- Je ne peux fuir face à ce danger là. Cependant, je ne peux pas non plus me permettre de vous faire courir un quelconque risque. Sachez cependant, ma Dame, que je resterais pour écouter vos maux. Fusse notre prochaine rencontre être de nouveau sous le toit de Dieu.

Je lâchais finalement ses doigts, ne pouvant décemment pas retenir plus longtemps le bel oiseau, au risque de lui briser les ailes.

- Mais je vous en conjure, faites attention. Ne restez pas le triste tableau des colères de votre mari.

Ainsi étaient les mots que j'avais choisis de lui donner. Allais-je réellement me tenir éloigné sachant qu'elle courait un grand danger ? Je ne savais pas. Car c'était bien la première fois que je m'inquiétais autant pour une mortelle. Pour un soupir dans mon immortalité. Mais ce soupir avait plus de forces qu'un ouragan, balayant mon navire sans que je puisse redresser les voiles et continuer à voguer sur une mer tranquille. Elle était le chant des sirènes face auquel je ne pouvais résister.
Et, fuyant ce passé qui me hantais, je ne voulais qu'une seule chose : céder face au doux son de ce chant et me noyer dans l'océan de ses yeux.

[RP Terminé]
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