Forks Red Moon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Aller en bas
Serenella Alighieri
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
#1
Jeu 8 Fév 2024 - 23:04
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
Serenella Alighieri
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
Vampire Sanguinaire

mode_comment
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels

I think I've seen this film before, and I did'nt like the ending
All this time, we always walked a very thin line


Dimanche, 2040

La fatigue commençait à réellement se faire sentir, et elle songeait de plus en plus à poser quelques jours de congés. Enfin, la pensée lui traversait l’esprit avant qu’elle ne se souvienne que sa condition financière ne le lui permettait absolument pas. Pas sur une longue période, du moins.

Essuyant le comptoir du bar avec un chiffon propre, la blonde se consolait en se disant qu’elle dormira dans quelques heures. Ses collègues l’avaient incitées à se reposer, lui assurant que le Diner tiendra bien une journée sans elle. Aaron, le gérant, n’avait pas été ravi, mais il avait dû se plier à la volonté générale en voyant que l’une de ses employées préférées avait vraiment besoin de vacances.

Alors qu’elle servait de nouveaux clients, l’italienne se retint de soupirer pour la énième fois. La musique avait baissé de volume depuis vingt-trois heures, et elle en était reconnaissante. Elle adorait entendre ses amies discuter en salle et les rejoindre de temps à autre, mais elle aspirait à une soirée plus calme. Ces derniers temps de toute manière, elle aurait préféré rester chez elle au calme, à poursuivre ses études tranquillement.

Mais le loyer et le prêt n’allaient pas se payer tout seul.

En y repensant, la jeune fille savait qu’elle avait eu de la chance d’être embauchée ici à temps partiel. Les Diners proposant des soirées de chants payaient plutôt correctement et la clientèle était en générale agréable – et les pourboires également. Il y avait un côté stimulant dans ce travail, à écouter la vie des autres et prodiguer des conseils lorsqu’on lui demandait. La contrepartie était des migraines à répétition et une gorge sèche en rentrant chez soi.

Contrairement à nombre des autres serveurs, elle ne comptait pas faire carrière dans la musique ou le théâtre. Elle croisait les doigts tous les jours pour qu’un producteur quelconque ne vienne s’asseoir à l’une des tables et remarque l’un des talents capables de conter Broadway tout en présentant des assiettes pleines, mais rien de plus. Elle avait une jolie voix, elle jouait de la guitare et cela s’arrêtait là pour elle. Elle aurait choisi n’importe quel emploi, à vrai dire. La chance avait été avec elle, en lui permettant un coin de New York où elle pouvait s’amuser tout en gagnant son pain.

Elle était soulagée d’avoir été placée sur la partie bar et non salle aujourd’hui, afin d’épargner un peu sa tête. L’établissement était divisé en deux parties, l’une animée et bruyante où les déjeuners et dîners étaient servis. Les seuls moments d’accalmie dans cette salle étaient le petit-déjeuner et le goûter. L’autre, le bar, était insonorisé pour permettre à ceux en ayant assez de la musique de se poser, et elle était ravie d’être de plus en plus souvent assignée là. Peut-être était-elle meilleure alchimiste de l’alcool que porteuse de plateau. Cela n’empêchait pas ses collègues de parfois la tirer de là pour qu’elle entonne quelques airs avec eux, mais ils savaient qu’elle n’avait pas la tête à cela en ce moment.

Elle avait eu la mauvaise idée de parcourir encore un nouveau manuel jusqu’aux petites heures du jour, et cette journée de service du dimanche avait été particulièrement éprouvante. Peinant à garder les yeux ouverts, elle n’avait jamais été aussi reconnaissante envers son binôme, qui lui permettait ainsi d’aller engloutir son café à chaque coup de mou. Elle détestait cette boisson, mais il fallait bien tenir.

Maintenant qu’elle en voyait le bout, la barmaid comptait les minutes. Elle tenait difficilement debout, et les derniers clients installés au bar partaient un à un, à son grand soulagement. Tandis qu’elle préparait une nouvelle commande, elle tomba sur son propre reflet, dans la glace se situant entre deux étagères de liqueurs.

Il était impossible de dissimuler une dette de sommeil aussi importante, bien qu’elle ait calfeutré les dégâts du mieux qu’elle pouvait ce matin, et malgré une retouche à midi. Elle se nota pour elle-même d’investir dans du meilleur maquillage lorsque la paie arrivera, ou alors de se lever plus tôt pour se donner une tête correcte. Mais si elle faisait cela, elle risquait vraiment de tomber malade. Couplé avec sa manie de perdre la notion du temps en lisant, elle allait s’écrouler.

A part ces cernes plus ou moins cachées et un teint trop pâle – elle devrait considérer l’idée de prendre un peu plus le soleil – elle était satisfaite de ce qu’elle voyait. Elle avait sa petite vanité, et bien qu’elle ne puisse pas accorder autant d’attention à son apparence qu’elle le voudrait, elle s’y attelait à la mesure de ses moyens.

Ses cheveux blonds étaient entretenus, assemblés en queue de cheval pendant le service. Ses yeux bleus pétillaient toujours ou presque de bonne humeur qu’elle s’efforçait d’inspirer autour d’elle, et le reste de son minois lui convenait. Son style vestimentaire laissait à désirer, mais elle n’avait pas encore les moyens de s’y intéresser. Une blouse simple à manches longues, un jeans des plus communs et des baskets pour la praticité. De toute façon, avec son blouson noir qu’elle jettera sur ses épaules en partant, personne ne fera attention à ce qu’elle portait. Elle ne travaillait pas dans un bar de la haute, tant que ses cocktails étaient bons, rien d’autre ne comptait. Elle espérait avoir les moyens de porter les robes sophistiquées qu’elle convoitait, un jour.

Elle se rappela qu’elle devait prendre rendez-vous auprès d’un dermato, ne serait-ce que pour vérifier que ses petits grains de beauté dans le dos et sur le visage ne craignaient toujours rien, et reporta son attention sur son Cosmopolitain, qu’elle présenta à sa cliente l’instant d’après avec un sourire.

En voyant Amy, sa collègue préférée approcher, la jeune fille s’éloigna quelques instants du comptoir pour recueillie sa confidence.
La rouquine semblait dans tous ses états. Elle pointa du menton un homme d’une cinquantaine d’année, que la barmaid ne put qu’entrapercevoir avant son départ.

- Tu le connais ?

La blonde secoua la tête.

- Il est entré quelques instants, n’a jeté qu’un coup d’œil au menu puis demandé après toi. Je ne sais pas pourquoi, mais il m’a mise mal à l’aise, bien qu’il soit vraiment mignon pour son âge…

L’italienne avait alors hoché la tête, décidant que minimiser les craintes de sa compagne serait probablement mal perçu. Elles avaient toutes eu le déplaisir de tomber sur des clients un peu étranges, mais elle ne se sentait pas menacée par l’homme qu’elle venait de voir partir. De ce qu’elle avait aperçu, il avait bien le double de son âge, et elle supposait qu’il l’avait juste vue de loin et trouvé à son goût avant de reprendre sa vie. Rien de plus, rien de moins.

Elle n’y songeait déjà plus, alors que minuit approchait dangereusement.

La cuisine avait fermé depuis une demi-heure, et elle entendait en fond le bruit des dernières casseroles en train d’être rangées. De son côté, elle allait s’assurer de la fermeture seule vers minuit trente si elle avait de la chance, sinon, elle pousserait jusqu’à une heure. Ensuite, elle comptait bien s’écrouler dans son lit jusqu’en début d’après-midi.

Le bar était enfin désert, et elle soupira de soulagement, prenant le temps de se poser sur un des tabourets quelques instants. Les dimanches étaient toujours bondés en journée, mais les soirées étaient quittes ou doubles. Pour le moment, elle n’avait pas trop à se plaindre.

A vingt-trois heures cinquante-huit, elle sortit du frigo sous le comptoir le petit cupcake qu’elle s’était achetée le matin même, avant d’y placer une bougie et de l’allumer avec le chalumeau qu’elle utilisait pour certaines boissons. Penchée sur le bois, bras sur la surface et menton pointu posé sur sa peau, elle observa la petite flamme vaciller avec un sourire en coin.

Que pouvait-elle demander en cette nouvelle année ? Elle qui n’était absolument pas superstitieuse, elle ne voyait pas ce qu’une bougie pourrait changer à sa vie, mais puisqu’il s’agissait de la tradition…

Plus elle y réfléchissait, moins elle voyait. Bien qu’elle ait du mal à joindre les deux bouts et que jongler entre ses nombreuses sorties lors de ses soirées libres, le Diner et ses recherches personnelles soit parfois un défi, elle s’estimait heureuse. Ses collègues étaient tous sympathiques, elle parvenait à s’amuser de temps à autres en boîte de nuit ou chez des amis…

Elle pourrait demander que ses projets professionnels se concrétisent, mais la blonde savait qu’aucun vœu ne pourrait l’y aider, et que seul son travail acharné était en mesure de porter ses fruits. Bien qu’un petit coup du destin ne soit pas de refus, elle se voyait mal réclamer une telle assistance quand tout reposait sur elle.

Et puis, cet étrange sentiment qui l’étreignait depuis des années lui revint de manière diffuse. Cette sensation que quelque chose manquait, qu’elle passait à côté de quelque chose. Elle n’avait jamais su d’où cela lui venait, et elle n’était pas du genre à accuser une enfance malheureuse de tous ses maux. Mais oui, parfois, la certitude qu’il y avait plus que cette ville immense dans laquelle elle avait emménagé à dix-huit ans, plus que les nuits blanches et l’obligation de courir continuellement l’attendait, ailleurs.

C’était probablement ce que tous les jeunes de son âge, frustrés par l’existence, ressentait au fond de leur lit le soir venu. Elle n’était pas exceptionnelle sur ce coup-là, sûrement.

Raison de plus pour se concentrer sur ce petit détail, rectifier le peu qui n’allait pas.
Alors, ce soir, alors qu’elle ferme les yeux, elle demande que les réponses lui soient apportées, qu’on lui donne une raison à tout cela. Qu’on lui apporte de quoi combler cette place qu’elle a laissé vide, sans savoir ce qui pourrait convenir à cet espace béant.

Satisfaite, elle finit par aviser l’heure sur l’horloge fixée au mur, puis souffla la bougie avec un léger sourire.

14 mai 2040 – elle avait vingt-six ans.

Cette journée d’anniversaire sera célébrée avec ses amis dans quelques jours, cette semaine étant un peu chargée pour tout le monde. En attendant, elle comptait fêter cela en dormant très bientôt…

Le tintement de cloche informant de l’arrivée d’un client se fit entendre, et elle se retint de soupirer.  Elle se hâta de dissiper la fumée de la bougie avec sa main, plaça l’assiette avec le cupcake derrière elle. Professionnelle, elle se tourna vers les étagères pour commencer à préparer son shaker au cas où, présentant d’abord son dos à l’inconnu.

- Bonsoir ! Installez-vous. Les cuisines sont déjà fermées, mais si vous voulez un verre, c’est toujours possible. Nous fermons dans une heure cependant…

La jeune fille grimaça en entendant son accent ressortir, comme il le faisait toujours en cas de fatigue. Bon, elle supposait qu’elle restait compréhensible de toute manière. Saisissant le bac à glaçons, elle se tourna enfin vers l’inconnu, et s’arrêta net.

Devant elle se trouvait l’homme le plus beau qu’elle ait jamais vu, et elle sentit son cœur louper un petit battement. Tandis qu’elle le détaillait, elle ne put s’empêcher de remarquer qu’il la fixait étrangement aussi.

Il était grand, une bonne dizaine de centimètres de plus qu’elle. Elle distinguait mal ses yeux en amandes avec la lumière tamisée et l’angle dans lequel elle se trouvait, mais elle avait l’envie irrésistible de se plonger dedans. Sa peau était encore plus pâle que la sienne, et elle se demanda même comment cela était possible vu qu’elle ne mettait jamais le nez dehors en pleine journée. Ses cheveux noirs encadraient des traits fins, peut-être un peu durs – pas dans la manière dont il la regardait.

Pour la première fois de sa vie, la barmaid eut le souffle coupé pour un homme, et ses yeux bleus sondaient l’inconnu avec une avidité qu’elle dissimula du mieux qu’elle put. Il n’était clairement pas le type d’homme sur lequel elle se retournait habituellement, mais elle supposait qu’avec un visage pareil, les préférences usuelles pouvaient bien passer par la fenêtre.

L’avait-elle déjà vu ?...

Non. C’était ridicule. Si elle avait déjà croisé quelqu’un comme lui, elle était sûre et certaine qu’elle s’en souviendrait. Pourtant, cette vague de familiarité qui l’avait envahie quand elle avait posé ses yeux sur lui…

Juste une impression malvenue. Elle secoua la tête.

C’était donc cela, être éblouie ? Après tout, il y avait bien de quoi. Elle avait beau chercher encore et encore, elle ne se rappelait pas avoir déjà été en présence d’une personne qui, physiquement, semblait parfaite en tout point. C’en était même effrayant, aucune aspérité, aucun détail de travers.

« Elle aimait l’art, et savait reconnaitre l’exceptionnel lorsqu’elle le voyait ».

Elle aurait sûrement continué à le fixer comme une idiote, si le dernier cuisinier n’était pas sorti en coup de vent, prêtant peu d’attention à leur seul client.

- Bonne soirée Sofia ! Profite bien de ton anniversaire, à mardi !

Le charme fut ainsi rompu, et Ella détourna à regret son regard de l’inconnu pour adresser un petit signe de main à son collègue.

- Bonsoir, merci, rentre bien !

Rougissant un peu de son comportement précédent, de honte de s’être comportée comme une adolescente voyant un garçon pour la première fois, elle sourit à l’asiatique.

- Excusez-moi, qu’est-ce que je vous sers ?...

La manière dont il l’observait finit par lui faire froncer les sourcils. Il y avait quelque chose dans son regard… elle ignorait pourquoi, mais Sofia avait le sentiment qu’il était bien plus fatigué qu’elle. Pourtant, son corps ne donnait aucun signe d’épuisement, et son visage ne présentait – évidemment – pas de cerne.

Un sixième sens, peut-être ? On disait souvent que les personnes travaillant au bar en développaient un, à force de croiser nombre de profils différents.

Mais ce n’était pas le regard d’un homme ayant de mauvaises intentions, un peu lourd. Non, il avait l’air d’avoir vu…
Un fantôme.

Se tournant rapidement vers la glace, Sofia rit un peu, oscillant entre gêne, amusement et inquiétude.

- J’ai quelque chose sur le visage ?...


.
Code
MIDNIGHT SHADOW


Naru Saito
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administrateur
Clan/Meute : Solitaire
Messages : 43
Date d'inscription : 05/02/2024
Dollars : 26
#2
Jeu 15 Fév 2024 - 14:41
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administrateur
Clan/Meute : Solitaire
Messages : 43
Date d'inscription : 05/02/2024
Dollars : 26
Naru Saito
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administrateur
Clan/Meute : Solitaire
Messages : 43
Date d'inscription : 05/02/2024
Dollars : 26
Vampire Sanguinaire

mode_comment
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administrateur
Clan/Meute : Solitaire
Messages : 43
Date d'inscription : 05/02/2024
Dollars : 26
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administrateur
Clan/Meute : Solitaire
Messages : 43
Date d'inscription : 05/02/2024
Dollars : 26

Alors qu’il s’était pourtant juré de ne plus laisser Serena seule derrière lui depuis que celui qui se faisait passer pour feu son mari était parvenu à l’entrainer dans un piège qui aurait pu s’avérer mortel, environ deux mois plus tôt, Naru avait de nouveau été contraint de s’absenter de la villa.

Cela ne devait originellement n’être l’affaire que de deux ou trois heures – le temps de traiter avec un ancien client devenu menaçant qu’il était hors de question de laisser devenir une ombre supplémentaire planant sur leur couple – mais, par malchance, les choses s’étaient quelque peu éternisées.

Le jour commençait à peine à décroitre lorsqu’il s’était engagé dans l’allée boisée qui devait le reconduire jusqu’ à leur vaste demeure, moins d’un tour d’horloge après son départ, et il se sentait plein d’allégresse à l’idée de retrouver sa reine.

Pourtant, bien qu’il l’ignorait encore, son monde était sur le point de s’écrouler de nouveau.

La première chose qui l’avait alerté avait été une odeur âcre, puissante, qui s’était infiltrée à l’intérieur de son habitacle luxueux et l’avait poussé à écraser violemment sa pédale d’accélération.

De la fumée, épaisse et particulièrement inquiétante…

La bâtisse achetée par l’italienne possédait bien des cheminées mais au vu de leur nature et de surcroit en plein été, elle n’avait aucune raison d’avoir souhaité en faire usage.

Et puis… pour en avoir eu l’habitude, dans une autre vie, ce n’était pas uniquement du bois qui brûlait ce soir-là, le japonais en avait la douloureuse certitude…

Le sol s’était dérobé sous ses pieds lorsqu’après un freinage abrupt, il s’était retrouvé face à face avec un imposant brasier, allumé consciemment dans l’alignement de la porte d’entrée.

Ce n’était pas possible. Pas encore… pas en si peu de temps…

A proximité immédiate des flammes, négligemment abandonné sur le sol, un chemisier blanc, déchiré, celui que portait son aimée la dernière fois que leurs lèvres s’étaient jointes…

Son nom avait été crié. Une fois, deux fois, dix fois, tandis qu’il parcourait chaque pièce de la villa à sa recherche, ne pouvant pas croire en l’évidence. Refusant d’y croire, de tout son être, de toutes ses forces.

Tout cela n’était qu’une vulgaire mise en scène de plus. La peintre avait échappé par deux fois à son bourreau, il n’était pas impossible qu’elle ait réitéré l’exploit…

Pourtant… aucune piste fraiche ne prenait la direction du territoire des Quileutes… ni même du domicile des Cullen.

Il détestait avoir à « partager » la belle blonde avec lui, savoir qu’elle conserverait à jamais des sentiments forts à son égard et, pourtant, il aurait tout donné pour la retrouver aux côtés du patriarche du clan Olympic, à cet instant.

En sécurité, même aux côtés d’un autre.

Au lieu du soulagement attendu, c’était une lame de fond qui avait déferlé sur lui, impitoyable, lorsqu’en osant enfin s’approcher des braises incandescentes, il avait repéré ce qu’il restait d’une main qu’il avait maintes fois sentie se poser sur sa peau.

La sienne, sans aucun doute…

Il en reconnaissait chaque détail avec certitude et, pourtant…

Bien qu’harassé par un poids bien trop lourd à porter pour un seul homme, même pour un immortel tel que lui, il s’était obstiné à ratisser les alentours, frénétiquement, pour repousser l’inévitable réalisation…
Il avait poussé son exploration jusqu’à la porte du clan des végétariens, qui étaient loin de se douter du drame qui se jouait au dehors et même jusqu’à la réserve amérindienne, franchissant largement et sans vergogne les limites du territoire des modificateurs.

Une fois son dernier espoir étouffé, trempé par la pluie drue qui ruisselait en lieu et place des larmes qu’il ne pouvait verser, il s’en était retourné à son point de départ pour tomber à genoux devant la dépouille de celle à qui il ne pourrait pas même offrir de sépulture.

Serena l’avait quitté…

Non… il l’avait laissée mourir

Pire… il était responsable de sa mort.

Un hoquet de souffrance l’avait secoué lorsqu’il avait imaginé ce qu’elle avait pu ressentir, seule dans ses derniers instants, alors qu’il aurait dû se battre à ses côtés jusqu’à la fin, comme il l’avait promis.

Ensemble… ce mot n’avait plus aucun sens, désormais.

Il était seul face à sa honte, sa culpabilité et sa souffrance inquantifiable…

Par trois fois, la vie, qui n’avait pourtant jamais été clémente avec lui, lui avait arraché ce qu’il avait de plus cher, le laissant dans un état bien pire que la mort à chacune de ses pertes.

Cette fois était de trop. Il ne s’en relèverait pas. Il n’en avait de toutes façons aucune volonté.

Il était fatigué de faillir

S’il n’avait su protéger cet être qu’il aimait plus que lui-même, ange tombé du ciel pour lui apporter une rédemption inespérée, il ne méritait pas non plus d’exister. A quoi bon, pour demeurer à jamais une coquille vide et brisée ?

Il n’en pouvait plus de ressentir

Ses doigts blafards s’étaient refermés sur les restes du chemisier, qu’il avait porté à son nez, puis serré contre son cœur avec une force telle qu’il s’était fissuré.

Son âme s’était consumée en même temps que le corps de la dernière personne qu’il aurait aimé. Quant à cet organe si redoutable…

Il n’en voulait plus.

La pression qu’il exerçait sur sa cage thoracique s’était faite plus forte. Il ignorait s’il pouvait en finir aussi facilement, mais il avait la ferme intention de l’arracher lui-même de sa poitrine pour le jeter dans le brasier, là où était sa place.

Tout, pour se libérer du supplice auquel il était soumis.

Il était presque parvenu à ses fins lorsque son abattement avait laissé la place à un autre sentiment, qui lui avait donné la force d’interrompre temporairement son entreprise.

Une colère, sourde, dévastatrice. Une haine pure, dirigée contre le responsable de la fin de son monde.

Un cri de rage, viscéral.

Alighieri… ou quiconque était-il réellement… ce fils de chien ne pouvait s’en tirer à si bon compte…

S’il n’avait su la protéger, incapable qu’il était, il lui devait au moins la vengeance. Cela ne lui offrirait qu’une paix éphémère et très parcellaire avant son trépas, mais il ne pouvait pas supporter l’idée de tirer sa révérence sans entrainer son meurtrier dans sa chute aux Enfers.

Car malgré toute la foi absurde derrière laquelle il se cachait, c’est là que leur ennemi serait directement envoyé lorsqu’il en aurait fini avec lui, dusse-t-il s’en assurer personnellement…

***

Naru était resté à Forks, comme un spectre hantant la villa, jusqu’à ce que l’odeur de Serena en ait définitivement quitté la moindre parcelle, puis il s'était mis en chasse.

Ses yeux étaient vides, son visage inexpressif. La vie qu’y avait insufflé l’italienne s’était évanouie en même temps qu’elle. Plus rien ne l’animait à part sa quête meurtrière, qu’il espérait la plus succinte possible pour pouvoir au plus vite rejoindre le néant auquel il aspirait tant.

Pourtant, malgré une détermination sans failles et une implication absolue, les années s’étaient écoulées sans qu’il parvienne à son but.

Un an, deux ans, dix ans

Le pouvoir de l’antagoniste, redoutable, semblait lui donner une longueur d’avance.

Quinze ans, vingt ans

Peu importe le temps que cela lui prendrait. Il ne renoncerait jamais, quitte à se laisser sombrer totalement dans la folie qui le guettait avant que son phare n’apparaisse dans la nuit.

Vingt-six ans

Ça cible avait enfin fait preuve d’imprudence. Il avait retrouvé sa trace et, cette fois, elle n’en réchapperait pas.

Il était arrivé trop tard, une fois encore, lorsqu’il avait poussé la porte d’un diner de New-York pour le débusquer en ce dimanche de Mai 2040, mais l’odeur était fraîche.

S’il faisait vite, il devrait être en mesure de rattraper Anthony…

Il s’apprêtait à ressortir du restaurant aussi rapidement qu’il s’y était engouffré lorsque la voix à l’accent chantant qui s’était élevée de derrière le bar l’avait figé, aussi efficacement que l’aurait fait Medusa.

Pour la première fois depuis vingt-six ans, quelque chose venait de parvenir à le détourner de sa mission et de lui faire sortir la tête de l’eau glacée dans laquelle elle était plongée depuis le début de son deuil impossible…

L’humaine qui lui tournait le dos avait fait volte-face et les morceaux de son âme désintégrée s’étaient temporairement réassemblés lorsqu’il l’avait reconnue.

Impossible

Il avait cessé de feindre de respirer, car plus rien autre ne comptait.

Serena

Les mêmes boucles blondes, le même petit nez retroussé, le même regard mutin…

Impossible

Ces yeux azur, pleins d’innocence, ces petits grains de beauté, élégamment disposés sous ses yeux par la nature, ses joues rosies…les battements d’un cœur humain… non… elle n’était au mieux qu’une copie, imparfaite, de celle qu’on lui avait ravi…

Imparfaite, mais pourtant déjà si précieuse

Bien que convaincu d’être la victime d’une illusion particulièrement réaliste, le japonais n’avait qu’une seule envie, la même qui l’avait littéralement dévoré de l’intérieur durant les deux dernières décennies : la serrer contre elle, si fort qu’ils ne feraient plus qu’un.

Quiconque osait le soumettre à cette nouvelle torture abominable serait sévèrement châtié, mais cela devrait attendre un peu.

Il n’avait pas la force de se soustraire à ce songe, pas immédiatement.

Quelques minutes de répit, voilà tout ce qu’il demandait…

Bien qu’il n’était plus en capacité de dormir depuis sa transformation, il avait maintes fois rêvé de ce moment et de ce qu’il souhaiterait lui dire, s’il avait seulement la chance de la revoir, même pour une seule minute.

Il aurait voulu pouvoir s’effondrer à ses pieds pour implorer son pardon, lui signifier combien le vide qu’elle avait laissé derrière elle était intolérable – mais comment exprimer l’indicible ? -, la supplier de lui revenir.

Troquer sa force et sa fierté contre une seconde de réconfort.

Lui assurer qu’il ferait n’importe quoi pour la garder auprès de lui à présent qu’il l’avait retrouvée, même s’il savait le miracle factice.

La supplier de mettre fin à sa lente agonie de ses mains, si elle ne pouvait pas l’exhausser.

« Profites bien de ton anniversaire »

Un coup d’œil à sa montre. 14 Mai, minuit cinq. Le voici de nouveau ancré dans le présent.

Et si….

- … Je crois que vous avez fait tomber quelque chose…

Sa voix, jadis ferme et assurée, n’était plus qu’un murmure lointain.

Hésitant, redoutant presque le résultat de cette initiative, il avait extirpé de la poche intérieure de sa veste un souvenir du passé sur lequel il avait veillé comme la prunelle de ses yeux depuis la disparition de sa propriétaire.

Un pendentif fait d’étoile et de diamant, offert 26 ans jour pour jour auparavant.

Un bijou à la valeur sentimentale inestimable qui, une fois présenté à l’apparition inespérée, avait semblé recouvrer tout son éclat…
Serenella Alighieri
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
#3
Ven 16 Fév 2024 - 18:50
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
Serenella Alighieri
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
Vampire Sanguinaire

mode_comment
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels
Rang Image : Image de base
Rang Personnalisé : Administratrice
Clan/Meute : Clan Alighieri/Saito
Messages : 79
Date d'inscription : 29/01/2024
Dollars : 55
Âge : 26 ans physique, 293 ans réels

I think I've seen this film before, and I did'nt like the ending
All this time, we always walked a very thin line


Sofia avait l’habitude de croiser des âmes à la dérive. Les extrêmes se côtoyaient sur les tabourets de bar, les euphoriques et les désespérés. Elle les servait sans distinction, jusqu’à ce qu’ils soient si enivrés qu’elle commençait à refuser leur argent et ne les renvoient chez eux.

Son client du soir en revanche, était d’une autre trempe.
Une fois que l’italienne eut terminé son échange avec son collègue sur le départ, elle avait eu le loisir d’étudier cet homme exceptionnel au premier abord. La manière dont il l’observait la mettait légèrement mal à l’aise, mais l’intriguait encore plus.
Ses yeux en amande la dévisageaient avec une avidité perturbante, sans être prédatrice. Bien que son expression soit indéchiffrable, elle y voyait de la sidération, teintée d’un sentiment diffus… Il était difficile de l’expliquer, mais dans son regard, Sofia avait l’impression qu’elle représentait quelque chose pour lui.
Comme si elle était la seule femme au monde.

Ebranlée par l’intensité de son regard, elle avait espéré que sa plaisanterie avait détendu l’atmosphère. En se tournant vers le miroir, elle avait pu constater que, non, elle n’avait aucune tâche sur le visage, si ce n’était les grains de beauté dont elle aimerait bien se débarrasser. Rassurée sur son apparence mais guère plus avancée sur la raison d’un tel émoi chez son interlocuteur, elle s’était tournée de nouveau vers lui, constatant avec surprise qu’il s’était approché du bar d’un pas imperceptible. L’étudiante ne s’était pas attendue à le voir de si près tout de suite, et toujours intimidée par sa beauté, elle s’empourpra légèrement, le cœur battant plus vite d’un coup.

Elle se maudit immédiatement, s’ordonnant de se reprendre. Elle n’allait pas rougir devant le premier joli minois venu ?...

Puis, il avait ouvert la bouche, et Sofia avait dû se concentrer pour entendre ce qu’il avait à dire. Sa voix était profonde, mais très basse. Il avait presque l’air d’avoir perdu l’habitude de parler, que ses cordes vocales inutilisées s’étaient brisées. La barmaid ignorait d’où lui venait toutes ces hypothèses, mais elles fusaient en présence de l’inconnu. En tout cas, cette inflexion à peine audible, désincarnée, lui fit de la peine.

Ce n’était pas la première fois qu’elle se disait qu’un visiteur aurait bien besoin d’une accolade, et il ne faisait pas exception.

Passé la tristesse que lui inspira sa voix, le contenu de sa phrase lui fit froncer les sourcils. Elle posa ses mains sur ses poches, mais elle trouva bien son tire-bouchon, les billets des pourboires…

L’inconnu lui présenta alors un collier, et Sofia écarquilla les yeux.

- Ce n’est clairement pas à moi…

Elle n’aurait jamais les moyens de posséder un bijou pareil. Sous ses yeux se trouvait une pièce de joaillerie singulière, et qui devait assurément valoir une fortune. Son salaire de barmaid faisait pâle figure en comparaison.

Hésitante, elle avait approché ses mains du collier pour l’examiner. Elle ne put faire autrement qu’en effleurant la peau de l’asiatique, et elle découvrit qu’elle était gelée. Frissonnant légèrement du fait de la fraicheur de son contact – et également pour d’autres raisons qu’elle n’avouerait certainement pas ce soir – elle avait saisit le bijou entre ses doigts.

Sofia le porta devant ses yeux, le maniant avec une infinie précaution malgré son poids. Ses yeux bleus se perdirent dans la contemplation des pierres, et la notion du temps disparut peu à peu pour elle. Totalement captivée par la pureté des diamants, ce fut pourtant cette mystérieuse pierre au centre qui retint toute son attention. La matière étrange ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait pu voir auparavant. Cela ne ressemblait à aucune pierre précieuse de sa connaissance, pourtant, elle avait la certitude qu’il s’agissait d’un élément précieux au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer. Son regard était rivé sur le centre du collier, et bien qu’elle eût l’impression de ne rester qu’une poignée de secondes à étudier l’œuvre d’art, ce fut en réalité de longues minutes qui s’écoulèrent.

Quelque chose l’attirait irrésistiblement dans ce bijou, elle pensait pouvoir toucher du doigt quelque chose d’oublié depuis longtemps. Un elle-ne-savait-quoi dont elle pouvait presque se rappeler sans avoir jamais connu une telle création de sa vie.

Un bruit venant de dehors lui fit relever la tête, et c’est mortifiée qu’elle se rendit compte du temps qu’elle avait mis à analyser un bien qui ne lui appartenait pas.

- Cela appartient peut-être à un client…

Elle ne se souvenait pourtant pas d’avoir vu un tel collier au cou de l’une des passantes du jour, et elle avait une très bonne mémoire. Il n’était pas exclu que le bijou se soit trouvé dans une poche ou un sac, et cela serait bien dommage. Une œuvre telle que celle-ci était faite pour être portée, et non dissimulée.

Sofia était persuadée qu’elle aurait vu un objet de cette taille par terre avant l’arrivée de l’inconnu, mais après tout, elle avait pu passer à côté. Ce n’était pas comme si le nouvel arrivant avait pu sortir ce bijou de son chapeau pour le lui présenter.

Saisissant un torchon propre, elle déposa précautionneusement le collier dedans et enroula délicatement le tissu autour pour le protéger. Elle avait beau avoir confiance en ses collègues, garder un tel trésor dans le diner serait imprudent. Elle glissa le collier dans son sac et se saisit d’une feuille de papier et d’un stylo.

- Merci, en tous les cas !

Elle finit de rédiger le petit mot, indiquant qu’un collier avait été retrouvé à date et que le propriétaire pourrait le récupérer en venant donner une description du bijou. Avec un aspect si particulier, aucun escroc ne pourrait essayer d’acquérir l’objet. A dire vrai, elle garderait bien cette pièce qui l’avait étrangement bouleversée pour elle, mais elle était trop honnête pour cela.

Sofia alla coller le mot à la porte d’entrée, avant de revenir trottiner jusqu’au bar.

- Vous ne voulez toujours rien boire ? Qu’est-ce qui vous amène par ici à cette heure-là ?

Certes, il était encore tôt pour les fêtards, mais les adeptes de soirée savaient quels établissements fréquenter pour passer un bon moment, et un diner n’en faisait pas parti.

Distraitement, elle commença à essuyer quelques verres tout en observant l’homme du coin de l’œil. Elle essayait vraiment de ne pas le fixer, mais cela s’avérait plus facile à dire qu’à faire. A son grand dam, elle semblait incapable de détourner son regard plus de quelques secondes…


.
Code
MIDNIGHT SHADOW


Contenu sponsorisé
mode_comment
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum