Forks Red Moon
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Serenella Alighieri
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Lun 4 Mar 2024 - 23:12
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Masquerade, paper faces on parade
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Il n’avait pas quitté ses pensées. Depuis ce jour fatidique où elle avait croisé l’ange au détour de l’autel – sacrificiel ou d’apparat, elle ne savait plus – l’or avait paré ses songes. Les mots mystérieux sur lesquels il l’avait quittée résonnaient encore, en écho sous la coupole les protégeant seulement des vents. Car le regard du Très Haut n’avait certainement pas manqué les battements de son cœur, plus fort qu’à l’accoutumée, le souffle court de croiser une âme qui se soucie un tant soit peu de son sort. Ne serait-ce que l’espace de quelques minutes, perdues dans l’inconvenance et en péché de penser.

Serenella n’avait pas recroisé le docteur depuis leur entrevue dans cette église. Et pourtant, il était resté avec elle, comme un parfum qu’elle ne saurait replacer. Il était semblable à une marque couleur de vin, laissée sur sa robe préférée. Elle entendait en revanche les bruits de la contrée, des bonnes œuvres du nouvel arrivant. Elle avait hésité à demander à son époux s’il avait croisé ce notable inconnu de titre et d’arrivée. Le silence soumis de ses nuits ordinaires avait fermé la porte à la curiosité grandissante.

Elle enviait ces pauvres hères, qui demandaient ses services. Ces personnes placées sous sa garde au nom de la noblesse, et qui pourtant jouissaient des droits qui lui étaient refusés. Peu importe que le nombre de coups soient plus propices à un examen que leur toux. Elle ne pouvait demander son assistance, prétendre comme ces femmes de petites vertus un mal aussi vague qu’imaginaire pour contempler la beauté irréelle, objet de toutes les attentions de ces dames et de la jalousie – et l’admiration – de leurs époux. La Marquise restait confinée dans ses appartements, n’en sortant que pour les obligations officielles.

Habituellement, elle serait sortie s’enivrer dans les soirées les plus prisées, celles où son mari devait consentir à la déposer, pour continuer leur vie sociale. Laisser son idiote d’épouse charmer les autres avec son minois, belle comme un ange et sotte comme un panier dira-t-on. Mais pour l’aristocrate, qui a croisé le véritable angélisme, elle sait que ses manières délurées n’ont rien de divin.

Elle fut pourtant privée de ces petites joies, du vin et de la musique. Il était temps d’organiser l’une des réceptions les plus attendues de la région : le bal masqué des Alighieri. S’ils recevaient plusieurs fois dans l’année, cet événement était l’une des clés de voute de la réputation de cette famille.

Et il lui revenait de tout préparer, évidemment. Les hommes n’entendaient rien aux amusements puérils – la tâche revenait à la maitresse de maison. Cette prérogative était un insigne honneur, et une responsabilité qu’elle devait remplir à la perfection. On n’en attendait pas moins d’elle, une femme de sa stature ne pouvait délivrer rien de moins que l’excellence. Qui se souciait qu’elle ne soit pas née dans cette Maison, mais ait seulement hérité de la particule ? Qu’organiser une fête pour chanter les louanges de son époux lui donnait envie d’arracher les têtes de tous ces bustes de marbre qui la fixaient le long de ses allers et venues dans le manoir ?

Oh, elle aimait recevoir, préparer la venue des autres. Cela la distrayait, la plupart du temps. Mais comme chaque année depuis dix ans, cette réception l’angoissait au plus haut point. Sa pâleur augmentait de jour en jour, sachant ce qui l’attendait en cas d’échec, de pas de travers.

Et pourtant, la jeune femme parvenait à trouver un peu de plaisir dans la besogne. Son goût invétéré pour les belles choses, pour les décors grandioses se trouvait comblé dans les infinies possibilités de parer la demeure familiale de ses plus beaux atours. Cela elle ne pouvait le reprocher à son mari : il ne comptait jamais lorsqu’il s’agissait de présenter l’image qu’il désirait à autrui.

Aussi, aucune dépense ne fut épargnée. L’argenterie, les musiciens, les fleurs et les couleurs entourant les salles destinées aux invités étaient un bijou de savoir-vivre. Elle était restée éveillée des heures, à analyser chaque détail, s’assurer que tout avait été fait selon ses ordres, jusqu’à en tomber malade. Elle avait dû composer avec ces domestiques qui tournaient le dos lorsqu’ils entendaient les bruits venant de la chambre, qui la prenaient en pitié distante alors qu’elle devrait avoir le droit de les mépriser eut égard à la différence de rang. Mais comme pour toute chose, elle s’était faite violence.

Le soir tant attendu était arrivé. Les conventions différaient, lorsque les masques de papier paradaient : nul besoin de présentation, de chaperon à tout va. Tous se demandaient quel visage se cachait derrière cet interlocuteur au costume bigarré. Nul besoin de cartons d’invitation non plus. Seul suffisait une toilette et un costume suffisamment couteux pour que l’entrée soit donnée.

Serenella avait passé sa journée à assembler les derniers préparatifs, et le reste à se parer. Son masque extravagant en place, sa robe somptueuse sur les épaules, elle déambulait parmi les invités ayant envahi les divers salons. Elle observait du coin de l’œil chaque détail, prise à la gorge par l’angoisse des imprévus pouvant mettre à mal ses semaines de préparation minutieuse.

Mais qu’elle aimait les bals masqués. L’espace de quelques instants, elle pouvait s’imaginer être une autre. Elle n’avait pas à jouer l’hôtesse parfaite, à saluer chaque nouvel arrivant sur le pas de sa porte. Ici, tous se dévisageaient, cherchant à percer les mystères derrière le loup. Elle reconnaissait parfois des connaissances, des associés de son époux, des compagnons de débauche qu’elle croisait au détour des soirées mondaines qu’elle fréquentait.

Son mari, d’ailleurs. Le soulagement de ne pas être contrainte de se tenir à son bras tout du long, de pouvoir errer dans les couloirs sans que personne ne trouve rien à y redire était une forme de libération que seuls les masques pouvaient offrir.

La fête se déroulait à merveille, aidée par l’alcool rendant les invités moins exigeants. Les conversations animées se transformaient en brouhaha dans certaines pièces, d’autres dansaient, ou jouaient aux cartes.

Attrapant une coupe de champagne pour achever de calmer ses nerfs, Serenella commence à se détendre gorgée après l’autre. Elle restera vigilante encore quelques heures, avant de se laisser aller à l’amusement, enfin. Peu importe que la fin de la nuit se passe couchée auprès d’un monstre, elle est entourée de créatures plus intéressantes pour l’heure.

Elle passe rapidement dans un des boudoirs bondés désormais, où trône l’imposant portrait que son mari a commandé quelques mois auparavant. Lui, elle, et leur enfant. Elle a le visage froid sur ce tableau, les générations futures l’interpréteront probablement comme un mépris envers les petites gens. Son nez retroussé semble contenir tout le dédain du monde, dans une dignité qu’elle s’efforçait de conserver, durant ces heures à poser auprès de l’homme qu’elle craignait le plus au monde. Et à leurs pieds, un bambin vers lequel elle tendait une main hésitante. La marquise trouvait l’interprétation du peintre poétique. Dans cette main levée, tentative de se rapprocher de sa chair sans succès, elle était à la fois mère distante comme on l’attendait d’elle, prisonnière de ses fonctions et à l’agonie de ne pas savoir aimer davantage.

Soupirant, elle croise son propre reflet dans un des miroirs.
Sa robe est de rose pâle et de blanc. Elle avait refusé le rouge, couleur de leurs armoiries, et le bleu était trop convenu. Les œuvres d’orfèvres entourant son cou et ses poignets sont des fleurs perlées, qui luisent à la lumière des bougies.
Elle semblait plus douce, plus délicate dans cette couleur. Malgré les excès de richesses, la forme à la limite de la décence du bustier.
Elle pourrait presque se sentir belle.

Aucune trace de sévices n’est visible, ce soir. Tout est camouflé, caché sous le corset et les jupons. Il avait eu le bon sens de ne rien laisser paraitre en cette soirée si particulière. Par sécurité cependant, elle réajuste la dentelle de son décolleté pour que les traces noires si bien disposées restent invisibles.

Serenella était terminait sa seconde coupe, avant de s’arrêter net dans l’embrasure de la prochaine porte.

Il était là.

Malgré le masque, elle le reconnaissait, évidemment. Aucun artifice ne pourrait dissimuler la perfection qu’elle avait aperçu quelques semaines plus tôt. Elle s’était retenue de le dessiner dans le plus grand secret, consciente de ce qu’elle encourrait à poser sur le papier un homme qu’elle était censée n’avoir jamais croisé de son existence. Les rumeurs étaient inscrites sur les bordures de son masque, et elle trouvait presque criminel que ce visage qui l’avait fascinée soit ainsi effacé.

Personne n’était dupe, cependant. Une couche de tissu aussi fine ne pouvait dissimuler sa beauté, l’aura qui émanait de lui, ou son parfum comme aucun autre.

Il suffisait de voir la meute de jeunes femmes massées près de lui, et celles discutant fort peu discrètement à quelques pas de là.

Serenella ignora ce que sa présence provoque en elle. L’aristocrate avait pourtant imaginé cet instant, avant de s’imposer une discipline stricte. Ne pas songer à lui, à l’éventualité qu’il passe la porte de sa demeure maudite. Elle se trouvait bien moins assurée que lors de leur première rencontre, où les seuls bruits interrompant sa contemplation étaient les soupirs entre la nef et l’autel.

Elle pourrait marcher vers lui. Se montrer merveille de bonne humeur et d’excentricité, comme elle savait si bien le faire pour tromper ses propres pensées et amuser la galerie. Mais elle ne pouvait s’y résoudre.

Elle ne pouvait être une de ces oies stupides qui se pavanaient devant lui. Il restait un homme, l’un des êtres les plus dangereux de son monde.

Bien que la douceur de ses yeux d’or lui donne envie de chercher sa compagnie.

C’est exactement la raison pour laquelle elle ne peut le laisser l’apercevoir. C’est pourtant l’occasion rêvée. D’ordinaire, elle devrait attendre d’être présentée à cet homme pour lui adresser la parole. Elle devrait prétendre ne l’avoir jamais vu de sa vie, jouer de nouveau à un jeu frustrant et également un peu excitant, elle devait l’admettre…

Elle pourrait lui parler jusqu’au petit matin, que personne ne trouverait rien à redire, tant que la foule les entourait. Elle savait déjà que ses bosquets et les chambres de l’étage étaient occupés à loisirs par l’indécence italienne, celle là même qui priait à genoux le dimanche.

Une simple entrevue, passer du temps avec lui, cela semblerait bien innocent en comparaison…

Il lève la tête, et dans une précipitation surprise, Serenella réunit le taffetas de sa jupe pour se rendre ailleurs. Elle passe entre les pièces les plus bondées, espérant se détourner de l’appel de l’ange qui avait fait irruption chez elle. Pourtant, elle rêve de se retourner, de lui présenter sa main et sentir la sensation de ses lèvres sur sa peau dénuée de gant.

Mais l’instinct lui dicte de fuir. Si elle s’abandonnait à ce désir-ci, elle ouvrait la porte à tout.

Et les paroles qu’il avait prononcées… Elle devait l’éloigner de son mari le plus possible. Ces deux hommes ne devaient jamais se croiser, elle en avait la certitude. Et elle détestait l’idée : que le démon côtoie le divin, dans le même espace clos, cela lui paraissait inconcevable.

Serenella finit par se réfugier sur l’un des balcons, nouvelle coupe à la main. Prendre l'air lui fera du bien, l'espère-t-elle.

Elle boit pour reprendre son souffle et le contrôle de soi, conquérir l’émoi que sa seule présence a provoqué…

Elle entend des pas derrière elle, et dans une volte-face soudaine, elle est devant lui.

Les bulles explosent dans sa gorge, et elle ne se souvient pas avoir déjà eu la bouche aussi sèche.

Son masque dissimule ses sentiments, du moins l’espère-t-elle. Personne ne fait attention à eux, maintenant qu’ils sont excentrés, et Serenella a douloureusement conscience de leur isolement, et de combien cela lui plait.

A grand peine, elle finit par articuler :

- Monsieur… j’espère que la soirée vous plait.

Elle préfère les banalités, plutôt que de risquer de dire quelque chose de stupide alors que l’alcool lui monte à la tête.

Une phrase telle que « j’espérais que vous seriez là ».
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Dim 17 Mar 2024 - 22:00
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Je l'avais laissée partir sans prononcer un mot. Et depuis, elle n'avait cessé de hanter mes pensées, bien plus qu'il ne le faisait. Mais a son contraire, il n'y avait que de la douceur dans ces souvenirs qu'elle avait laissé à mes songes. Bien qu'elle fusse le triste tableau d'une cruelle vérité, je ne pouvais qu'éprouver de la tendresse en repensant à cette rencontre fortuite au sein de la maison de Dieu.
Et je n'avais eu de cesse, depuis ce jour là, de traquer la moindre information à son sujet, dépendant de sa présence et de son souvenir.
Ainsi, elle était bel et bien la figure de ces terres, accompagnée d'un sombre homme aux moeurs violentes et sans pitié. Chaque habitant que je recevais dans mon modeste cabinet, acquis avec l'or que je lui avait subtilisé lorsque j'étais parti, ne résistait pas à l'envie de se confier sur la famille Alighieri. Une famille aussi ancienne que puissante de la noblesse italienne, gouvernant avec une main de fer ces terres appauvries par la cupidité du marquis.

Mais l'entendre vivre et évoluer au travers ces récits ne me suffisais pas. J'avais besoin de plus, je désirais plus. Aussi, profitais-je de mes capacités hors normes pour aller guetter, la nuit venue, ses pas délicats sur le sol de son manoir. J'étais inquiet de l'avoir laissée ainsi s'en aller, sachant ce qu'elle vivrait une fois rentrée chez elle, dans cette cage dorée. Et nos chemins ne s'étaient plus croisés depuis, me laissant dans l'angoisse de ne peut-être plus pouvoir croiser ce regard qui m'avait ensorcelé. Bien plus que le rubis de ses yeux qui m'avaient retenus prisonnier toutes ces années. Je goûtais à une nouvelle liberté mais cette dernière était teintée d'une angoisse que je n'avais jamais connue. L'angoisse de perdre une personne que je ne connaissais pas bien que je guettais, tel un pervers, ses pas le soir. Bien que j'assistais, impuissant, à ses cris discrets de douleurs face aux coups violents de son bourreau. Je ne pouvais intervenir. Impuissant, je restais perché sur ce toit à détourner le regard, grimaçant alors que mes mains arrachaient avec violence les tuiles qui finissaient en morceau.

Chaque nuit que Dieu faisait, sa peau blanche et délicate se transformait en témoin de la violence de l'Homme. Chaque soir où l'homme rentrait aviné, les bleus de son corps retrouvaient un éclat douloureux. Et je me sentais bien impuissant face à ce triste spectacle dont j'étais l'indésiré témoin. Oh, j'aurais pu, et ça n'était pas l'envie qui m'en manquais, aller abréger la vie de ce monstre. Mais cela ne ferait que confirmer ce qu'il n'avait cessé de me dire durant des années. Nous n'étions pas les créatures de Dieu, simplement des rejetons de Lucifer. Des loups dans la bergerie gangrénée du Paradis.

Et chaque matin, le regard noirci, je retournais en ville à m'afférer des maux des petites gens. Des maux qui parfois ne relevaient que du fantasme. Des excuses pour venir me consulter et admirer cette étrange beauté irrésistible dont je jouissais. Le sourire ne quittait pas mes lèvres face aux minauderies de ces dames aux pensées très certainement obscènes. Mais je n'avais que faire de leurs vaines tentatives de me courtiser face à leurs maris jaloux. Toutes mes pensées allaient à cette Dame enfermée dans sa tour d'ivoire. A cette dame qui ne désirait qu'une seule chose : fuir. Ce petit oiseau enchainé à une vie qu'il n'avait désiré, capturé dès son plus jeune âge pour venir ravir l'orgueil d'un homme.
Cette beauté irréelle me valu cependant une invitation au bal qu'organisait le Marquis. Une bien étrange invitation qui n'aurais jamais dû arriver sur mon bureau. Je n'avais rien de noble bien que mes frusques prétendaient le contraire. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à pouvoir entrer par la grande porte à ce bal, à cette unique chance de revoir son regard. Je m'étais imaginé m'inviter tout en discrétion par une fenêtre. Quoi qu'en réalité, cela n'eut été nécessaire, le bal étant masqué et, comme ile me l'avait apprit, mes atours une clé d'entrée dans n'importe quel événement.

Je m'étais donc apprêté comme l'auraient fait ces nobliaux. De chics parures, acquises chez le meilleur tailleur du coin. J'y avais investi les dernières pièces que je lui avais dérobées. Cependant, je n'en avais cure, l'argent n'étant pas une nécessité pour moi.
Ainsi donc, je me présentais, sans femme à mon bras, face à ces imposantes portes richement décorées. Il aurait apprécié ce genre de bâtisse. Bien que lugubre, il aimait le baroque et la richesse dans les décorations. Sans réellement me demander le petit bout de papier qui servait d'invitation, ni même me demander mon nom, on me laissa entrer, me mêlant aux reste des convives. Oui, il aurait adorer ainsi entrer dans la bergerie, lui, le prédateur ultime. Aimant la chasse délicate. Aimant courtiser ses prochaines victimes de son regard enflammé et de ses mots enjôleurs. Je voyais parfaitement le sourire qu'il aurait abordé, me lâchant la bride dans cet endroit en me susurrant de bien m'amuser.

Le souvenir de ces pensées me fit légèrement grimacer et, dans un pas précipité, je me dirigeais vers le banquet, attrapant au vol un verre de cette boisson que les humains appelaient champagne. Pour sauver les apparences, entendais-je murmurer dans mon esprit. Je soupirais doucement avant de me laisser aller au travers discussions. A vrai dire, on m'abordait, surtout les femmes, toutes envieuses de partager avec moi une danse. Cela me permettait d'oublier que ce genre de mondanité avaient été, auparavant, trop souvent le théâtre de pensées que j'aurais aimé voir s'échouer dans les tréfonds de l'oubli.
Cela distrayait mon esprit de mon passé, mais ne l'arrachait pas à cette obsession de vouloir la revoir. Sa douce fragrance flottait partout en ces lieux, mêlée avec celle des convives et celle plus répugnante du marquis.

Puis, soudainement, cette fragrance se fit plus présente, plus forte. Je tournais la tête pour croiser brièvement son regard... surpris ? Ainsi, elle avait dû me reconnaitre. Il ne fallait pas être dupe. De simples masques ne pouvaient suffire à dissimuler qui nous étions vraiment. Il ne s'agissait là que d'une mascarade afin d'excuser les comportements hors de l'étiquette habituelle. Ce genre de bal n'était là que pour satisfaire l'égo de se savoir encore désirable.
Le contacte se rompit aussi rapidement qu'il se fit et elle disparu dans le dédale de couloirs.

M'extrayant de la cohorte de femmes qui tentaient de me courtiser, je pris sa direction à grands pas hâtés. J'aurais aimé qu'elle vienne bien que je conçoive que cela n'était guère dans l'étiquette. J'aurais aimé qu'elle ne me fuit pas. Et pourtant, cette réaction était on ne peut plus normale, nous nous connaissions à peine. Enfin... Je la connaissais bien plus qu'elle ne pouvait le penser.
Suivre ses pas légers fut d'une grande facilité. Et je me frayais un chemin entre ces convives qui désiraient tant parler au beau médecin blond. Ce soir, je n'avais d'yeux que pour elle.

Nos pas nous menèrent sur un balcon. J'entendais son coeur affolé alors qu'elle tentait de reprendre son souffle après cette marché hâtive pour me fuir. J'aurais dû me sentir honteux d'ainsi la poursuivre. Pourtant, je n'en avais que faire, trop heureux de recroiser les traits de son visage si mal dissimulés par le loup qu'elle avait noué délicatement. Je lui offrit un léger sourire tout en me stoppant à quelques pas d'elle. Je l'avais, de toute évidence, mise dans l'embarras. Pourquoi cela me procurait-il un léger plaisir de la voir ainsi, si démunie face à moi ? Etaient-ce toutes ces années passées en sa compagnie qui commençaient à déteindre sur moi ? Etait-ce cette nature monstrueuse qui pointait le bout de son nez maintenant que j'avais reprit ma liberté ?
Je ne saurais le dire.

- Bien plus maintenant que je vous croise, répondis-je doucement. J'avais croisé les mains dans mon dos, nonchalant, prêtant tout de même une oreille attentive aux convives qui auraient l'outrecuidance de vouloir se mêler d'une conversation qui ne les regardaient pas. Ce balcon était notre bulle, notre petite part de la maison de Dieu dans laquelle nous avions échangé la première fois.

- J'ose espérer qu'elle est également plaisante pour vous, ma Dame.

J'approchais d'un pas. Mon regard accrochais les rares parcelles de peau qui n'étaient pas dissimulées par la délicate robe aux teintes rosées. Le peintre, ou devrais-je dire le bourreau, avait bien fait son œuvre, prenant soin d'éviter chaque parcelle de peau qui aurait pu révéler au grand jour la supercherie dans laquelle il vivait depuis des années. Mais je savais, je l'avais vu, elle était encore ce tableau maculé de tâches bleues.

- Comment vous sentez-vous ? continuais-je, faisant fit de l'étiquette et m'inquiétant de son état rendu fébrile par l'alcool que je devinait bien présent dans son sang. En témoignaient ses joues légèrement rosies et son pouls plus rapide que d'ordinaire.

Je me fis un peu plus confident, fronçant les sourcils. Cela semblait inutile de lui rappeler l'évidence, pourtant, je ne pouvais pas m'en empêcher. J'avançais encore d'un pas, assez pour commencer à sentir son souffle erratique dont le parfum d'alcool était bien présent.

- Faisons donc cesser cette mascarade, commençais-je, abandonnant mon ton léger, je vous le dis encore une fois, ma Dame. Avec tout le respect que je vous dois, vous êtes en grand danger. Inutile de masquer la souffrance qui vous habite.

Le interrogations pourraient se bousculer à ses lèvres, l'indignation même. Comment pouvais-je savoir tout ceci. Comment pouvais-je l'affirmer avec tant d'impolitesse à l'égard de son rang ? Mais sa noblesse avait-elle réellement de l'importance alors que sa vie était en péril ? Chaque jour passé ici la rapprochait d'une mort certaine et prématurée.
La solution, l'entendais-je souffler au creux de mon esprit, serait de lui voler ce que tu appelles l'âme. Et je savais que cela le ferais rire. Il avait toujours prit avec un certain cynisme cette histoire d'âme damnée qui guidait mes pas. L'âme, disait-il, n'est qu'une futilité des Hommes pour se rassurer. Il se riait de mes croyances, s'amusait à les ridiculiser de son vil sourire charmeur.

Pourtant, même s'il eut raison, je me refusais de voler une vie.
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Le vin aussi doré que ses yeux lui est monté trop vite à la tête, après cette marche effrénée à travers les couloirs. Serenella vient presque à se demander s’il était si beau dans ses souvenirs, ou si l’ivresse le rend plus attrayant, si sa peau avait toujours été aussi blanche, ses iris aussi douces. Le regard azur suit ses mouvements, dotés d’une grâce qui ne pouvait être de ce monde – ou captés par sa perception avinée. Sa stature droite, les mains dans le dos, présentant l’image même de la dignité est la preuve que la noblesse n’a rien à voir avec le titre mais est innée.

La Marquise se trouve ridicule, d’être aussi affectée par sa présence. Elle ne l’avait croisé qu’une fois, entre des bancs vides. Un échange d’une rapidité déconcertante, il avait été une brise d’air entre les dalles froides. Il avait été un ange passant dans le silence, ni plus, ni moins.

Le récit de ses actions en ville ne suffisait pas non plus à expliquer l’admiration débordante qu’elle éprouvait pour lui. L’italienne s’était résignée à vivre par procuration, par les passantes ou les héroïnes de romans. Elle était pourtant assez lucide pour réaliser que s’imaginer sa patiente, telle toutes ces femmes qu’ils avaient laissées dans la salle de bal, n’était pas une justification appropriée. Rien en réalité ne pouvait expliquer l’attirance qu’elle éprouvait depuis leur première rencontre.

Rien, si ce n’était sa beauté exceptionnelle. Elle avait la réputation d’être vaniteuse, et envoutée par le beau. Peut-être était-ce encore sa passion pour le superficiel qui la poussait vers lui. Certains avaient besoin de diamant pour se sentir briller, d’autres voulaient absolument tout. Serenella était de ceux-là. Elle voulait le monde sans pouvoir l’effleurer, et elle avait accepté son sort en larmes souveraines.

Certainement, son visage divin constituait la raison de sa fascination. Peu importe qu’elle soit entourée au quotidien des minois les plus enjôleurs, des parures les plus impressionnantes, il ne souffrait aucune comparaison.

Et elle pourrait se limiter à cette idée, se persuader qu’elle ne ressentait qu’une infatuation passagère, celle guidée par les sens primaires. Cela lui permettrait de dépasser cet asservissement des envies, celles dont elle avait lu les descriptions à volonté. Elle n’était pas de ce bois-là, à céder pour des caprices. L’aristocrate se refusait à devenir l’une de ces femmes sans visages, celles qui s’humilient pour un homme. Elles couraient après le prix, sans vouloir le payer. Ils évoluaient à une époque où l’amour galant n’était plus qu’une rumeur, persuadées de le détenir au creux de la main. Elles croient être l’exception, tout en était odieusement commune. Et être charmée par des lèvres en cœur menait indubitablement à la déchirure des leurs, dans la surprise stupide de celles s’étant voilé la face.

Serenella avait douloureusement conscience de la bassesse des hommes. Alors, s’étioler pour un autre, aussi magnifique soit-il, lui était impossible.

Non, ce qui la pousse vers le docteur Cullen n’a rien à voir avec ses traits. Bien qu’ils fussent plaisants, ils ne font qu’entourer l’éclat qu’elle fixe dans son regard. Elle le cherche, avidement.

Cette lueur de sollicitude qu’il avait posée sur elle. Cette douceur inconnue qu’elle avait découverte en échangeant trois mots avec lui. Et Serenella sait qu’il est naïf de s’essouffler pour une marque aussi ténue d’attention.

Mais comment faire autrement, quand elle n’avait jamais rien connu de tel ?

Surtout quand sa voix mielleuse devient écho dans la nuit noire, de la musique aussi mélodieuse en sonorité qu’en propos. Elle se demande comment un médecin a pu apprendre l’art de la flatterie, la maitriser à un niveau digne des plus grands courtisans. Car il conte le même discours que tous les autres invités, à la complimenter sur son œuvre lorsqu’ils la reconnaissent, à prétendre sans penser un mot de ce qu’ils avançaient.

Dans la bouche de Carlisle, pourtant, dans des intonations de coton, ces mots semblent sincères. Ils provoquent des frissons sur sa peau marquée par les coups et le froid du balcon. Ils sonnent comme un véritable éloge, contrairement aux façades que tous les autres lui présentent. L’étranger pourrait presque lui faire croire qu’il est véritablement heureux de la revoir. Et de son côté, elle pourrait se laisser convaincre, si elle n’avait pas conscience d’avoir la tête au fond de son verre.

Il lui rappelle en une phrase la raison pour laquelle il a occupé ses pensées ces dernières semaines. Que loin des yeux, il était resté près de ses rêves.

Elle doit garder pour elle les émois qu’il a animés chez elle. Serenella reste dans un état de confusion total, à s’interroger sur les émotions qu’il a laissé avec le bruit de ses pas dans l’église. Elle ne connait rien des élans du cœur, de ces beautés indicibles que les romances aiment à compter. Comment le pourrait-elle, quand l’affection est l’un des seuls luxes qu’elle n’a jamais portés, ni dans sa maison d’enfance ni d’épouse.

La Marquise reste ainsi dans l’incompréhension, de ce coup particulier qui l’a touché plus violemment que ceux de son mari, plus diffus également. La foudre qui s’est abattue a traversé son être dans effleurer son esprit, la poitrine est saisi avant sa réalité.

Et lorsqu’il espère que sa soirée est agréable, elle laisse échapper « Qu’elle l’est un peu plus depuis quelques secondes ».

Les mots coulent en bulles vaporeuses, en honnêteté de comptoir. Elle lui offre en miroir le même sentiment qu’il dit éprouver, que leur rencontre est parvenue à illuminer sa nuit.

Il approche soudain, et le cœur de l’humaine bondi, partant à sa rencontre sans que son corps ne suive. Ses yeux s’écarquillent, et la revoilà : la lumière qui éclaire l’or liquide, cette tendresse – osait-elle le penser ? – qu’il dirige vers elle. Celle-là même qui tambourine dans ses nerfs, qui l’électrifie comme ces expériences de contrées lointaines. La science avance au loin sans qu’elle ne l’entende, tandis que la mécanique de ses émotions se met en branle.

Et qu’il est traitre, ce cœur, qui cogne si fort maintenant qu’il est proche. Il n’a jamais tenté de rejoindre un autre auparavant. Ne s’est jamais manifesté, autrement que pour se dissimuler derrière des barrières de glace, si hautes que leurs portes claquent dès que quiconque s’essaie à l’approcher.

Et désormais, il court pour cet homme de deux entrevues, pour percer les atours et côtoyer une âme rassurante.

De nouveau, il revient sur le sujet qui les a réunis, celui que personne d’autre que lui n’ose évoquer. Et le cœur enthousiaste ne peut que se réfréner, quand la désolation fait baisser les yeux, le rouge aux jours de sa proximité.

- Monsieur, je ne peux pas.

Elle n’était pas assez brave pour partir. Risquer sa vie, son existence, ses habitudes. Certes, elle souffrait mille maux, mais ils étaient tout ce qu’elle n’avait jamais connu. Et l’inconnu était plus terrifiant encore que le quotidien cruel.

Et puis…

- J’ai un fils. Comprenez ainsi que ce que vous me demandez est un déchirement.

Malgré les sentiments contradictoires qu’elle nourrissait pour sa progéniture, elle ne pouvait se résoudre à l’abandonner. Quel genre de mère cela ferait d’elle, de renoncer à sa chair sans un mot simplement parce que l’existence lui paraissait insurmontable ?...

Serenella n’ose croiser son regard, lever les yeux vers lui. La jugerait-il, de savoir qu’elle a porté l’enfant de son époux ? Ce qui lui a octroyé les honneurs et les grâces, l’aboutissement suprême de son rôle de femme, lui paraissait honteux à avouer à cet homme en particulier.

Et que signifierait partir, de toute manière ?...

Un page passe une tête par la porte, et Serenella serre les dents. Elle le somme d’approcher, prend deux coupes et lui intime de déguerpir. Une fois seuls, de nouveau, elle tend l’un des verres au médecin, et boit rapidement le sien.

Cette nouvelle vague d’alcool lui donne le courage de rencontrer de nouveau les yeux qui l’ont tant interloquée. Sans vraiment le réaliser, elle se rapproche encore de lui, et c’est un souffle qui passe entre eux.

Oubliée, la honte passée. Par le prisme toujours plus beau des glaçons, elle se sent plus légère. Plus sincère.

- Vous avez fait forte impression, j’ai vu la commotion que vous avez provoqué auprès de mes invitées. Elles souhaitent être près de vous pour votre beauté.

Elle regrettera ses mots le lendemain, dès qu’elle aura dessaoulée. Pour l’heure, elle ne voit que l’irrésistible envie de lui parler.

- Elles ne comprennent pas que ce n’est pas le plus intéressant chez vous. Loin de là.

Et le sourire étire ses lèvres, en respiration de champagne.

- Je préfère votre douceur. Celle dont vous avez usé pour moi. Personne ne l’avait jamais fait avant vous.

Elle ose effleurer sa main pour lui donner sa coupe, et la fraicheur de la nuit a rendu la peau du médecin glaciale. Et pourtant, elle ne se dégage pas comme elle aurait dû le faire.
Elle avait connu bien pire que le froid sur sa propre chair.
Et ce contact sans gant cette fois ci fait briller ses yeux bleus, rivés sur les siens.

- Je préfère la bonté avec laquelle vous me regardez.

Car ses yeux l’appellent, comme ils l’ont fait pendant des semaines. Elle n’a pas cessé de penser à lui, et si seulement…
Si seulement elle pouvait demander ce qui lui manquait sans savoir quoi exactement…

- … Quelque chose pour me hanter quand vous n’êtes pas là.

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Carlisle Cullen
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Sam 30 Mar 2024 - 20:59
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Le vin pétillant commençait à lui rosir les joues, faisant naitre en moi une douleur que je ne connaissais que trop bien. Je laissais mon regard s'échapper vers la nuit, comme si ne plus la voir allait calmer le feu qui commençait à s'emparer de ma gorge. Mais cela ne fit rien. Il s'intensifia à mesure que je sentais ses joues se parer d'une délicieuse couleur rosée.
Je conservais cependant mon léger sourire, ignorant qu'en moi, l'enfer s'était ouvert. Il aurait jubilé d'entendre cela, de constater que je souffrais à ainsi me priver de l'or rouge dont il raffolait. Il aurait rit, me susurrant qu'il avait raison et qu'après tout, je n'étais qu'un monstre. Peut-être bien, mais je me refusais à céder à de telles bassesses. S'élever au dessus de la condition animale était le propre de l'Homme. Et j'étais bien plus que cette créature de la nuit dont la soif était inextinguible. Je valais mieux que ça et je continuerais à prendre les armes contre le monstre qui était tapit au fond de moi, contre ces bas instincts qui me poussaient toujours plus à vouloir planter mes crocs dans cette carotide que je voyais pulser au rythme de ses battements de coeurs.

Le son de sa douce voix me fit revenir à la réalité. Nous n'étions pas seuls et bien que j'aurais pu aisément maquiller mon crime en incriminant l'alcool, je ne pouvais céder à ces pulsions. Oh certes, le feu serait éteint, le monstre rassasié. Mais j'aurais tant perdu à lui ôter cette étincelle de vie qui animait son regard voilé par l'ivresse qui commençait à l'embrasser.
Mon sourire se fana à ses mots. Ainsi, elle avait engendré la chair de sa chair. Une progéniture qu'elle ne pouvait que haïr tout autant qu'aimer. Je comprenais donc sa réticence à fuir cet enfer.

Cependant, le regard que je lui portais restait égal. Un doux regard teinté d'envie, de cette envie de sentir le nectar couler sur mes lèvres. Qu'importe fusse-t-il, de vie ou de plaisir
Très légèrement, et ce de façon imperceptible, je secouais la tête. La voir ainsi, perdre ses moyens face à l'alcool faisait remonter en moi plusieurs sentiments et désirs que je ne connaissais que très mal. Et mon corps ainsi que mon esprit se découvraient homme, bien loin des pieux enseignements de mon père qui étaient restés gravés en moi, me permettant de supporter la vie aux côtés de ces prunelles carmin. Elle réveillait chez moi la bête avide de savoir sa proie aussi faible.

Je me raclais la gorge, retrouvant un léger sourire lorsqu'elle attrapa avec une certaine détermination ces deux verres de vin pétillant. Elle m'en tendit un que je pris avec une délicatesse toute particulière, frôlant ainsi le bout de ses doigts. Je la contemplais ensuite porter le verre à ses lèvres, laissant le nectar s'engouffrer dans sa gorge et la mener plus encore vers le chemin de l'ivresse. Gambrinus lui faisait oublier la tristesse de son existence, sa douloureuse vie. Et j'osais espérer que ces quelques verres étaient bien les seuls qu'elle portait à ses lèvres, ne faisant ainsi pas de cette fuite une habitude. L'imitant, je laissais couler dans ma gorge la boisson pétillante. Elle n'avait aucun goût, mes papilles étant désormais incapables de discerner la moindre saveur. Les petites bulles ricochaient dans ma gorge, ne calmant nullement le feu qui continuait de la consumer. Puis, sans avoir terminé le verre, je le posais sur la balustrade assez large du balcon, relongeant ainsi toute mon attention sur la délicieuse femme face à moi. Une femme qui s'abandonnait de plus en plus dans les bras de Gambrinus, laissant ainsi apparaitre une facette d'elle bien loin de l'étiquette imposée par la noblesse.

Je ris doucement, prenant le soin de m'appuyer avec nonchalance sur la balustrade, le regard perdu sur ce long couloir d'où je pouvais entendre les paroles de jalousie envers la maitresse de ces lieux. Un voile de colère assombrit une fraction de secondes mon regard, accompagné d'un grognement bien indicible pour les oreilles de la belle éméchée. Ces femmes de piètre vertu ne savaient pas ce que la maitresse des lieux enduraient. Et leur ignorance les poussait à proférer des paroles bien hautaines et orgueilleuses, teinte d'une réelle jalousie. Pouvait-on en vouloir à ces faibles d'esprit d'ainsi se complaire dans la jalousie et l'envie de me voir à leur bras, leur susurrant quelques mots doux ? Leur vie devait être faite de futilités superficielles.
Je me détournais bien vite de ces commères pour reporter toute mon attention sur la belle italienne aux paroles bien plus osées à présent. Mon sourire renaissait sur mon visage tandis que je l'écoutais s'ouvrir à moi.

Ces mots avinés me déclamaient tout l'intérêt qu'elle me portait. Un intérêt bien différent de toutes ces femmes, bien différent du sien. Et je ne pouvais qu'apprécier que l'on me considère comme étant bien plus que l'apparence parfaite que me donnait ma condition d'immortel.
Je laissais ses doigts frôler les miens, brûler les miens devrais-je dire car la chaleur de sa peau était un agréable feu que j'aurais aimé sentir plus longtemps.
Il semblait que moi aussi je soi prit dans la drôle de farandole de Gambrinus, transporté par l'attitude éméchée de la maitresse des lieux. Je sentais que je pouvais moi aussi user de cette excuse pour me libérer de ces règles de bienséance.

- Ne leur en voulez pas, répondis-je doucement, elles ont bien besoin de se raccrocher à un rêve, aussi impossible soit-il, pour combler leur vie morne.

Je ris à nouveau doucement avant de reprendre un brin de sérieux.

- Et pourtant, cette douceur devrait être de mise lorsque l'on effleure vos délicats doigts...

Mais je m'arrêtais bien vite, ne continuant pas ma phrase. Il était inutile de lui rappeler mon inquiétude et ma colère quant à sa vie qu'elle risquait inutilement tous les jours. Ce soir était un soir de fête. En tout cas, je le souhaitais ainsi. Et j'allais la tirer bien loin de sa triste vie, ne fusse que le temps de quelques heures. L'entendre rire serait ainsi le plus beau des cadeaux bien qu'il soit légèrement faussé par la boisson alcoolisée. Les masques étaient tombés et je pouvais voir, pour la première fois, un réel éclat de bonheur dans ses prunelles d'un bleu profond.

- Ainsi, mon souvenir me concurrence, commençais-je, taquin. Je ris doucement tout en m'approchant d'elle, libérant ses doigts de la coupe vide que je posais non loin de la mienne. Votre souvenir me hante également, soufflais-je, brisant les distances que la bienséance imposaient.
Puis, un sourire narquois aux lèvres, je m'éloignais de nouveau, quittant la chaleur de son souffle afin de l'inviter de façon plus convenable. La musique était bien trop faible pour que l'on puisse l'entendre. Mais cela ne m'empêcha pas de me pencher doucement tout en lui tendant la main.

- M'accorderiez vous cette danse, Dame Serenella ? J'usais volontairement de son prénom, occultant ainsi toute appartenance à son mari le temps d'une soirée. Elle ne serait plus l'épouse d'un grand marquis mais simplement Serenella entre mes mains froides.

Puis j'attrapais ses mains délicates, si fragiles entre les miennes, pour la guider vers une danse sans musique.

- Je vous préfères ainsi, dis-je ensuite, plongeant mes regard dans le sien. Le sourire sincère qui illumine votre visage vous va bien mieux que ce regard triste qui porte le poids du monde.

La portant presque, je la menais sur mes pas dans une valse classique.

- Ce soir, oubliez votre nom, redevenez simplement inconnue et sentez vous libre. Sentez vous libre de fuir ces mondanités le temps d'une nuit. Faites moi confiance et autorisez vous de rire sans vous soucier du regard des autres. Je leur ferais barrage de mon dos, soufflais-je au creux de son oreille, un sourire aux lèvres, bien trop heureux de profiter de cet instant hors du temps pour espérer lui faire oublier les taches sombres et douloureuses qui ornaient sa magnifique peau de porcelaine.

Ce soir, j'allais lui voler, sans honte, un instant de sa vie.
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